Corée du Sud: la «honte» du capitaine du Sewol

La tragédie du Sewol, ce ferry qui a chaviré mercredi 16 avril, continue de secouer la Corée du Sud toute entière. Parmi les victimes, une majorité de lycéens en voyage scolaire qui se rendait sur l’île touristique de Jeju. Le dernier bilan fait état de 174 secourus, 32 morts et 270 disparus, dont les chances de survie sont désormais presque nulles. Le capitaine du navire, lui, a été arrêté.

Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias

Les plongeurs tentent toujours de pénétrer dans l’épave du Sewol, ce samedi matin. L’un d’entre eux a déclaré avoir vu trois corps sans vie à travers un hublot. Le navire continue de s’enfoncer et les sauveteurs ont posé trois énormes bouées pour tenter de le retenir.

Ce matin, les autorités ont prélevé des échantillons d’ADN des membres des familles, afin de faciliter l’identification des corps retrouvés.

Tout comme deux membres de l'équipage, le capitaine Lee Joon-Seok a été arrêté pendant la nuit. Il est notamment accusé de négligence et d’abandon de navire. Il n’était pas à la barre au moment de l’accident et il est accusé par les rescapés de n’avoir pas donné l’ordre d’évacuation. Et il a aussi été l'un des tout premiers à évacuer, si bien qu’il n’y avait plus personne sur le bateau pour coordonner l’évacuation des enfants.

La tête couverte d’une capuche, menotté, le capitaine a brièvement répondu à des questions de journalistes. « Avez-vous donné des ordres pour évacuer ? », lui demande l’un d’eux. « Oui », répond le capitaine. […] Ce n’est pas que je n’étais pas là. J’avais donné des ordres clairs à l’équipage concernant la trajectoire avant de me rendre brièvement dans ma chambre. »

Lee Joon-Seok a également demandé pardon aux familles des victimes. « J’ai honte », a-t-il déclaré.

Traumatisme national

C’est en tout cas un véritable traumatisme national qu’est en train de vivre la Corée du Sud. Hier soir, le principal adjoint du lycée d’où viennent les victimes s’est suicidé. Lui avait réussi à sortir vivant du navire, mais il n’a pas pu surmonter la culpabilité d’avoir laissé autant de lycéens derrière lui.

Depuis plusieurs jours, les médias diffusent les textos et les vidéos envoyés par les enfants à leurs parents avant de couler. Ce matin, une vidéo accablante montre les enfants, avec leurs gilets de sauvetage, sagement alignés dans les cabines, alors que le bateau est déjà terriblement incliné… et ils ne sortent pas.

Tous les évènements culturels ont été annulés. Les télévisions ne diffusent plus de programme de divertissement. Tous les Coréens vivent au rythme des mauvaises nouvelles qui viennent du lieu du naufrage.

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