Avec notre correspondant à Taipei, Clément Robin
L’émotion est palpable devant le Parlement. La fatigue aussi, sur le visage des jeunes militants, qui sortent un par un de l’hémicycle. Certains ont passé 23 nuits à dormir à même le sol, dans le froid et l’humidité, ou sous une chaleur estivale. Il aura fallu un Parlement occupé pendant près d’un mois, un rassemblement de plus de 300 000 personnes devant la grille du palais présidentiel, une nuit blanche d’échauffourées avec la police devant le siège du gouvernement pour obtenir plus de transparence autour des accords signés entre Pékin et Taipei.
Les milliers d’étudiants grévistes ont obtenu dimanche dernier cette transparence sur l'accord avec la Chine. Du moins ils l’espèrent. Le président du Parlement leur a promis de soumettre aux élus un texte de loi qui devrait superviser les accords signés avec la Chine. Y compris celui au cœur de la crise politique taïwanaise. Ce texte prévoit d’ouvrir des secteurs clés aux entreprises chinoises, comme les médias ou les transports.
Mais bien au-delà de cet accord, la jeunesse taïwanaise a lancé un avertissement à son président, crédité de 9% d’opinions favorables. Ils ne veulent pas devenir une région chinoise, même autonome, comme Hong Kong et Macao. Reste à savoir ce qu’en dira la Chine, qui, elle, considère toujours Taïwan comme l'une de ses provinces.