La visite est à caractère purement économique, et ne risque pas d’être affectée par les tensions entre la Chine, le Japon et les Etats Unis autour des îles Senkaku et Diaoyu. « L’Europe n’est pas dans l’œil du cyclone et Cameron fait une visite très largement économique », souligne ainsi Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et cofondateur de l’OSCA l’observatoire des stratégies chinoises et asiatiques (OSCA).
Tibet et droits de l'homme
Les relations entre le Royaume-Uni et la Chine restent néanmoins délicates politiquement. Cette visite aurait en effet dû avoir lieu l’année dernière, mais une rencontre en mai 2012 à Londres entre David Cameron et le Dalaï-Lama a provoqué son report au dernier moment. C’est un grand classique de la politique étrangère chinoise. Pékin peut se fâcher quand il s’agit du Tibet ou des droits de l’homme, que les Chinois considèrent comme leurs affaires intérieures.
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Le Premier ministre britannique est malgré tout, cette fois encore, sous pression des organisations internationales pour parler des droits de l’homme. « Nous espérons que David Cameron va parler des droits de l’homme en Chine. On attend surtout qu’il demande aux autorités chinoises qu’elles mettent en œuvre les promesses de réformes annoncées lors du dernier plénum : la suppression des camps de rééducation par le travail, la réduction des crimes passibles de la peine de mort et l’abolition de la loi obligeant les gens à avoir un seul enfant », explique Jean-Marie Fardeau, porte-parole de Human Rights Watch.
Pression économique
Il y a trois mois, lors d’une visite préparatoire à Pékin, le chancelier de l’échiquier, Georges Osborne, avait promis de parler des droits de l’homme, mais il ne l’a pas fait publiquement. Et nul ne sait qu’elle a été le contenu de ses échanges avec les dirigeants chinois.
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David Cameron n'a pas le droit à l'erreur. Plus d’une centaine de dirigeants d’entreprises l'accompagne. C'est la première fois que le Premier ministre britannique est accompagné au cours d'un de ses voyages à l'étranger d'une délégation aussi importante. Britanniques et Chinois semblent attendre beaucoup de cette visite. « Les échanges sont importants, ils sont en hausse régulière. Les Chinois sont toujours à la recherche d’un partenaire pour faire des réacteurs d’avion, parce qu’ils n’y arrivent pas et ils continuent à avoir des liens avec Rolls pour avoir des transferts de technologie », précise Jean-Vincent Brisset.
En quête d'investissements chinois
Les Britanniques ne veulent pas seulement faire des affaires en Chine, ils veulent aussi ouvrir leur porte encore plus grande aux investisseurs chinois. En un an et demi, les investissements chinois au Royaume-Uni ont été supérieurs à tout ce que la Chine a pu y investir au cours de ces trente dernières années : 3,7 milliards d’euros, une somme qui pourrait atteindre 100 milliards en 2015, d’après les chiffres de l’ambassade de Chine à Londres.
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Pour Jean-Vincent Brisset, les Chinois investissent plus au Royaume-Uni « car il y a moins d’incertitude fiscale que dans d’autres pays, comme la France ». La Chine est devenue le troisième partenaire des Britanniques après l’Union européenne et les Etats-Unis. Le secteur des services est très développé en Grande Bretagne. Les Britanniques considèrent qu’ils ont une économie complémentaire à celle de la Chine dont l’économie est avant tout basée sur le secteur industriel.