Placé le dos au mur par le manque de réaction du gouvernement, le leader des manifestations Suthep Thaugsuban est engagé dans une stratégie jusqu'au-boutiste. Il a promis à ses partisans pour ce dimanche un « jour de victoire » avec la prise du siège du gouvernement.
Certains n'ont visiblement pas pu attendre : 2 000 manifestants se sont déjà rendus sur place ce samedi, et ont tenté, sans succès, de forcer le barrage de la police en empilant des sacs de sable pour passer par-dessus les barbelés, selon le porte-parole de la police.
Un cap a été franchi
Déjà, la semaine dernière, plusieurs ministères avaient été encerclés ; là, les manifestants ont franchi un cap en essayant de forcer les portes du siège du gouvernement. Ils ont aussi encerclé ce samedi les bureaux de plusieurs entreprises d’Etat et ont coupé l’électricité du principal centre de télécommunications de Bangkok.
Mais le véritable tournant, c’est que pour la première fois depuis le début des manifestations antigouvernementales, des violences ont eu lieu. Des incidents entre opposants et partisans du gouvernement ont fait un mort, tué par balle.
Un autocar amenant des partisans du Premier ministre Yinglack Shinavatra, ceux que l’on appelle les « chemises rouges », a été attaqué par un groupe de manifestants, apparemment des étudiants surexcités et éméchés. Plusieurs personnes ont été blessées par des éclats de verre quand les vitres ont explosé.
Tandis qu’à l’est de la ville, 70 000 « chemises rouges » sont rassemblées dans un stade sportif, elles ont de plus en plus de mal à ne pas répondre aux provocations de manifestants jeunes et violents.
Intervention de l'armée
Les violences, le gouvernement veut absolument les éviter : il se souvient qu'en 2010, quand ses propres partisans manifestaient, la répression de l'armée avait fait 90 morts et près de 2 000 blessés. Cette fois-ci, la police a appelé l’armée à la rescousse. Cette dernière va envoyer près de 3 000 hommes pour protéger le Parlement et le siège du gouvernement.
Mais Yingluck Shinawatra parie sur l’essoufflement des manifestations d’ici le 5 décembre, jour de l’anniversaire du roi, une célébration traditionnellement entourée de respect en Thaïlande.