Philippines: l’aide tarde à parvenir aux survivants d’Haiyan

Cinq jours après le passage du typhon Haiyan, la situation sur le plan humanitaire reste toujours aussi précaire aux Philippines, comme ont pu le constater Richard Riffonneau et Nicolas Falez, nos envoyés spéciaux sur place. Si, selon le président philippin Benigno Aquino le bilan serait moins important - il parle de 1774 morts -, les estimations de l'ONU et des différentes ONG restent toujours aussi élevées, avec le chiffre de 10 000 morts avancé.

Avec nos envoyés spéciaux à Cebu, Richard Riffonneau et Nicolas Falez

Si la communauté internationale est totalement mobilisée pour venir en aide aux rescapés, sur place, l'aide arrive très difficilement et très lentement. Dans le nord de l’île de Cebu, un secteur particulièrement affecté, Mabel Mayor, travailleuse sociale, gère l’accueil des victimes dans une salle de sport transformée en abri pour des familles dont les maisons ont été détruites par la tempête. « Pour l’instant il y a 46 familles, ici, dans ce centre d’accueil, et nous ne pouvons pas en héberger davantage », explique-t-elle à Richard Riffonneau et Nicolas Falez, les envoyés spéciaux de RFI. « Avant, il y avait 1000 places dans cette sale de sport. Mais pour des raisons de sécurité, nous avons dû transférer des réfugiés vers des églises et des écoles. La plupart des gens qui sont ici n’ont plus de maison du tout. Ils ont tout perdu : plus de maison, plus de travail », résume-t-elle.

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« Dans l’urgence, nous leur fournissons de la nourriture et de l’eau. Des particuliers ont fait des dons et les ONG aussi sont venues », rapporte-t-elle. « On fait de notre mieux », glisse-t-elle, avant de lister les besoins, énormes : « On a besoin de nourriture, d’eau, mais aussi de tentes, car c’est la saison des pluies. Aujourd’hui, nous devions avoir un nouveau typhon, mais il s’est affaibli en dépression. Nous remercions Dieu pour cela. Mais on en attend un autre avant la fin-novembre. Voilà pourquoi il nous faut des tentes : nous ne pouvons pas héberger plus de gens, alors, ils restent là et il leur faut bien se trouver un abri, pour survivre. »

Mobilisation de la communauté internationale

De nombreux pays ont débloqué des aides d'urgence. Les Etats-Unis, qui ont envoyé dans la zone de la catastrophe le porte-avion George Washington avec 5 000 marines à bord et 80 aéronefs, ont également débloqué 20 millions de dollars d'aide d'urgence.
La Commission européenne évoque le chiffre de 13 millions d'euros d'aide.
Les Emirats Arabes Unis, le Japon, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, l'Indonésie, le Mexique ont également très vite réagi avec des aides substantielles.

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Le PAM, le programme alimentaire mondiale, tente de faire parvenir 40 tonnes d'aide alimentaire et a envoyé une équipe d'évaluation des besoins dans la ville de Tacloban, la plus grande ville touchée par le typhon et qui comptait avant le passage d'Haiyan 220 000 habitants. L'UNICEF essaye d'acheminer quant à elle 60 tonnes de matériels, dont des tentes et des médicaments.

L'urgence : l'aide alimentaire

La difficulté pour faire arriver cette aide sur place fait craindre le pire aux autorités et à la communauté internationale. Le plus urgent, c'est l'aide alimentaire. Et malheureusement, le manque de nourriture donne lieu à des scènes de pillages, comme celle qui s'est déroulée cette nuit à Alangalang, sur l'île de LEYTE, l'une des plus touchées par le passage du typhon. Huit personnes ont été tuées lorsque le mur d'un entrepôt de riz en train d'être pillé s'est effondré, selon le porte-parole de l'Autorité nationale de l'Alimentation philippine.

100 000 sacs de riz ont été volés. Chaque sac contenant 50 kilos de riz. Et ce, malgré le fait que des soldats et des policiers étaient déployés sur place. L'urgence est donc de faire parvenir le plus vite possible de l'aide alimentaire sur place et de l'aide médicale pour tenter de porter secours aux rescapés.

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Selon les premières estimations, le cout financier de cette catastrophe varierait de 8 à 19 milliards de dollars. Une somme colossale pour ce pays classé au 165e rang mondial pour ce qui est du PIB, le produit intérieur brut. L'ONU, qui a promis de débloquer une aide de 25 millions de dollars, à lancer un appel aux dons pour tenter de rassembler plus de 300 millions de dollars pour venir en aide aux plus de 11 millions de Philippins affectés par la catastrophe.

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