Avec notre envoyé spécial à Cebu, Nicolas Falez
Ils ont l’air fatigués. Ils ont assis en rang dans la salle d’attente de l’aéroport de Manille. Tous les quatre viennent d’arriver du Canada où ils vivent et où ils travaillent. Un voyage de retour improvisé pour Alvin et ses amis, tous originaires de Tacloban où le typhon aurait fait 10 000 morts : « Je suis effondré. C’est dur. J’ai le cœur brisé. Je souffre et je suis sous le choc. Je veux juste savoir s’ils sont en vie ou non, et comment ils vont. Est-ce qu’ils sont toujours là ? Est-ce que la maison est toujours là, ma famille et surtout ma mère ? ».
les téléphones sonnent dans le vide
Dans quelques minutes, Alvin et ses compagnons embarqueront sur un vol intérieur mais ils savent qu’il leur sera très difficile de se rendre à Tacloban, coupé du monde. Les téléphones sonnent dans le vide et les transports sont désorganisés. Shirley, 29 ans, a vu les images de sa ville dévastée mais elle est impatiente d’y retourner : « On veut aller jusqu'à Cebu en espérant attraper un ferry, et si on doit se mettre ensuite à marcher, on le fera pour voir si la famille va bien, où qu’ils soient. C’est à cet endroit qu’habite presque toute ma famille et tout le monde pourrait disparaître comme ça en un clin d’œil ? ».
Shirley n’a pas perdu l’espoir. Son père figurait sur une liste de personnes décédées mais c’était une erreur. Il est en vie.