Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
Deux heures de procès n’auront guère modifié les positions des deux accusés. Les octogénaires continuent de mettre en avant leur patriotisme, leur amour du peuple, leur ignorance de la tragédie qui s’est jouée sous leur régime, et au final, de clamer leur innocence. L’ancien idéologue khmer Nuon Chea, pointe du doigt un voisin vietnamien expansionniste à l’origine, selon lui, de tous les maux. Pendant plus d’une heure, il prend des libertés avec l’histoire, reconnaît une responsabilité morale, et demande l’acquittement.
Khieu Samphan, l’ancien président du régime, se contentera de demander à la cour de rendre justice. Mais toute sa déclaration revient à dire qu’il y a erreur sur sa personne. Il n’est pas le monstre décrit en audience. Tout le monde est convaincu de sa culpabilité. Personne ne veut l’entendre, regrette-t-il. «Il est trop facile, lance-t-il, d’affirmer que j’aurai dû tout prévoir, tout comprendre, et d’intervenir pour corriger la situation à l’époque».
Ce procès, conclut-il, ne lui aura pas donné l’occasion de s’expliquer. Dans le public, les Cambodgiens ne mordent guère au discours des accusés.