Khieu Samphan et Nuon Chea ont pris une part active dans le génocide, selon les procureurs

Au Cambodge, le procès de deux anciens dirigeants khmers rouges touche à sa fin devant le tribunal spécial parrainé par les Nations unies. Après les avocats des parties civiles, c'est au tour des procureurs de dresser leur réquisitoire et de démontrer que les deux anciens révolutionnaires ont pris une part active, entre 1975 et 1979, dans le génocide de près de deux millions de Cambodgiens, sous le régime de Pol Pot. 

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée

L'éloquence n'y est pas, mais la démonstration par les coprocureurs de la culpabilité de l'ancien président khmer rouge Khieu Samphan et de l'ancien bras droit de Pol Pot, Nuon Chea, se fait peu à peu. Non, les deux octogénaires ne peuvent pas dire qu'ils ignoraient la tragédie qui se jouait dans leur pays quand ils en étaient à la tête. Non, ils ne peuvent pas nier le rôle qu'ils ont eu dans l'établissement de politiques qui devaient ramener le pays à l'année zéro.

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Les preuves sont là. Devant une galerie du public à moitié vide, le coprocureur international insiste sur le fait qu'ils n'ont jamais regardé en arrière. « Les liens entre Nuon Chea, Khieu Samphan et Pol Pot se sont poursuivis après janvier 1979. Ils se sont alors retranchés dans les montagnes de la frontière thaïlandaise, continuant à travailler ensemble, comme leaders des Khmers rouges, jusqu'aux derniers jours, jusqu'à la fin amère de leur mouvement révolutionnaire. »

Produisant des photos de l'époque montrant des accusés « bien portants » quand le pays était alors en proie à la famine, le magistrat souligne l'absence de remords chez eux. Dans un extrait vidéo projeté de la conférence de presse qu'ils donnent à Phnom Penh fin 1998 quand ils rendent les armes, on entend Nuon Chea regretter les vies perdues des hommes et aussi des animaux. Dans la salle, des étudiants de l'Ecole de la magistrature écoutent attentivement cette leçon de droit.

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