Il n'avait quasiment pas ouvert la bouche face aux victimes depuis le début du procès. Nuon Chea, 86 ans, ancien patron des renseignements du régime khmer rouge, se tenait jusque-là retranché derrière ses lunettes noires, abrité sous un bonnet de laine.
On l'avait entendu critiquer l'air conditionné de la salle d'audience, qui l'incommodait, mais aucun regret affiché, aucune reconnaissance des faits de l'histoire : près de deux millions de morts en moins de cinq ans, morts sous la torture, victimes de la faim et des travaux forcés, dans un pays entièrement soumis à la terreur khmère rouge de 1975 à 1979.
Alors, aujourd'hui, que dit Nuon Chea ? « Je ne cherche pas à fuir mes responsabilités. Je dois assumer ma responsabilité dans le préjudice causé à mon pays, le danger auquel il a été exposé ». Et d'exprimer ses « plus profondes condoléances ».
Mais tout cela avec un certain détachement tout de même, face aux survivants, aux anciennes victimes venues témoigner à Phnom Penh. Car l'accusé continue de minimiser son propre rôle. « Sur le plan de l'exécution, dit-il, je n'avais aucun pouvoir », lui le numéro deux a beau jeu de charger le numéro un du régime, Pol Pot, mort depuis bien longtemps.