Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée
Sans surprise, les co-procureurs cambodgiens ont requis la réclusion à perpétuité contre Nuon Chea et Khieu Samphan, âgés de 87 et 82 ans. Les deux accusés n'ont manifesté aucune réaction. L'accusation a souligné que l'un n'avait pas coopéré avec le tribunal et l'autre exprimé sa colère. Tous deux continuent de nier leur responsabilité, sans remords apparents.
Dans la galerie du public, M. Khan Lon a fait le voyage depuis la province de Siem Reap : « Pour moi, ils mériteraient la peine capitale mais elle n'existe pas au Cambodge, regrette-t-il. Alors, j'aimerais les voir condamnés à vie mais aussi contraints à des travaux forcés. Je ne serai néanmoins pas déçu s'ils écopent de la perpétuité ! »
Ce retraité n'en est pas à sa première visite au tribunal, où il a déjà conduit quelque 9 000 personnes de sa province, sans avoir eu de difficulté, dit-il, à les convaincre : « J'amène des gens ici, car c'est une histoire qui ne doit pas être oubliée. Aussi, parce que j'ai gardé trop de mauvais souvenirs de ce que j'ai vécu sous ce régime, qui me hante encore, et que j'aimerais que ça sorte en venant au tribunal. »
Depuis la création du tribunal en 2006, il suit de près les anciens dirigeants khmers rouges et dresse, avec mépris, le portrait des deux accusés. L'un, un « démagogue hypocrite », l'autre « un fou cruel ». Il trouve de l'apaisement à emmener des jeunes « pour qu'ils connaissent le passé » et sachent qu'un leader peut être traduit en justice.