Avec notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis
Mais, avant même cet aléa récent, les négociations exclusives avec l'entreprise française étaient au point mort depuis des mois. Dassault aurait en effet fait volte-face sur des points centraux du contrat, selon Bharat Karnad, analyste militaire au Center for Policy Research, à New Delhi.
Le Rafale avait été présélectionné l'année dernière par le gouvernement indien, après plus de quatre ans d'appels d'offres. Dassault devait alors construire les 18 premiers avions en France, et superviser l'assemblage des 108 autres dans les usines d'Hindustan aeronautics, dans le sud de l'Inde. Mais l'avionneur français aurait à présent changé d'importantes modalités, ce qui pourrait être fatal au contrat.
«Dassault a accepté l'appel d'offres qui disait clairement qu'il devait y avoir un transfert total de technologie, et maintenant ils font marche arrière», note Bharat Karnad. «Cela semble être dû à la mauvaise gestion de l'intermédiaire choisi par Dassault, Reliance Aerospace, qui n'a aucune expérience en aéronavale», avance le chercheur.
Dassault ne veut plus garantir la qualité des Rafales produits en Inde
Autre explication avancée par l’analyste : «Dassault dit maintenant que si les Indiens produisent une partie des avions, ils ne garantiront pas leur qualité.» Pour lui, «le contrat ne pourra plus être signé à présent. Et dans quelques mois, un nouveau gouvernement va être élu, et il enquêtera sur tout cela. Dassault pourrait alors faire face à d'importants problèmes.»
Les représentants de Dassault à New Delhi n'ont pas souhaité répondre à nos questions. Ils disaient dernièrement rester confiants, et attribuaient ces retards à la complexité des contrats à passer avec les différentes entreprises locales.