Bien avant Snowden, l’affaire Shi Tao a été la première à révéler l’emprise des Etats et des gouvernements sur les géants de l’internet. Malgré les excuses du cofondateur et de l’ex-directeur de Yahoo! Jerry Yang en 2007, le géant américain du web n’a jamais vraiment reconquis la confiance des internautes chinois.
Trois ans plus tôt, en 2004, le journaliste, qui est aussi poète, est arrêté dans sa ville de Changsa, dans le sud du pays. Ce dernier venait alors d’utiliser son compte email pour envoyer des messages à un forum de la dissidence basé aux Etats-Unis, les informant d’une nouvelle directive envoyée par le bureau de la propagande aux journaux chinois et consacrée au 15e anniversaire du massacre de Tiananmen.
Comment les autorités chinoises ont-elles été informées ? L’unité de Yahoo! à Hong Kong reconnaît alors qu’elle a donné les informations pour se « conformer à la loi chinoise ». Shi Tao est condamné à dix ans de prison en avril 2005 pour diffusion de « secrets d’Etat ».
Yahoo! fermé en Chine
Un autre dissident, Wang Xiaoning, dont le compte Yahoo! a également été ouvert aux services secrets chinois, sera également incarcéré pour « subversion du pouvoir de l’Etat ». Ce dernier a été libéré en 2012 après dix ans passés derrière les barreaux. Comme Shi Tao, aucune raison n’a été fournie concernant sa libération. Selon l’organisation des écrivains « Pen Club International », qui a annoncé sa libération ce dimanche, M. Shi est sorti de sa prison d’Yinchuan dans la province du Ningxia (nord-est) le 23 août dernier. Il vit désormais auprès de sa mère et aurait affirmé dans une conversation au téléphone la semaine dernière se sentir « généralement bien ». Dans son premier « rapport sur la transparence » publié vendredi 6 septembre, Yahoo! a révélé avoir reçu 29 000 demandes d'informations sur ses utilisateurs, émanant de 16 pays, mais en grande majorité de l'administration américaine. Le portail web dédié dans le pays et le service de messagerie Yahoo! en Chine ont été fermés le mois dernier.