« Nous ne savions pas que ces informations seraient utilisées pour condamner des dissidents » : c’est la ligne de défense qu’avait adopté Yahoo! lors de son audition devant le Congrès américain, affirmant que la loi chinoise l'obligeait à donner au gouvernement tous ces détails concernant ses utilisateurs.
Autant d’informations qui avaient permis aux autorités de remonter la piste de Wang Xiaoning, et de le condamner en 2003 à 10 ans de prison pour « tentative de subversion du pouvoir de l'Etat ». Le bloggeur avait critiqué la loi du parti unique et appelé à des réformes démocratiques.
Même peine, deux ans plus tard, pour un autre dissident, Shi Tao, qui avait publié sur internet une consigne du gouvernement interdisant aux médias de commémorer la répression de la place Tiananmen. Là encore, c’est Yahoo! qui avait permis son arrestation en fournissant aux autorités toutes les informations nécessaires.
Des affaires désastreuses pour l’image du géant de la toile, qui, visé par plusieurs plaintes, avait fini par présenter ses excuses et verser en 2007 une compensation à Yu Ling, la femme de Wang Xiaoning. Depuis, Yahoo! a aussi mis en place un fonds pour aider les cyberdissidents emprisonnés en Chine. Wang Xiaoning, aujourd'hui âgé de 62 ans, devrait en avoir encore besoin : selon sa femme, ses droits politiques vont rester suspendus pendant deux ans, avec peut-être d'autres restrictions.