Birmanie: Thein Sein, le président réformateur, à Paris pour une opération séduction

Il s'agit de sa deuxième visite officielle en Europe, la première en France. Après une étape à Londres, le président birman, Thein Sein, atterrit ce mercredi 17 juillet en France où il s’entretiendra avec Jean-Marc Ayrault et François Hollande. Il veut rapprocher son pays, longtemps isolé sur la scène internationale, des démocraties occidentales. Thein Sein a entrepris de vastes réformes pro-démocratiques et veut tisser des liens commerciaux plus étroits avec l’Europe afin de sortir son pays de décennies de marasme économique. Pour ce faire, il a multiplié les gestes de bonne volonté à l’approche de ses tête-à-tête avec les dirigeants européens.

Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre

Thein Sein a fait libérer 42 enfants soldats, il a démantelé une force garde-frontière accusée de violations des droits de l’homme, il a aussi promis de libérer tous les prisonniers politiques d’ici la fin de l’année. Et il souhaite prouver que les réformes qu’il entreprend sont sérieuses, que les écueils dans sa transition politique sont des accidents comme début juillet, lorsque trois activistes ont été condamnés à des peines de prison ferme : onze ans et six mois d’incarcération pour l’un d’entre eux.

Une stratégie efficace

Cette stratégie n’est pas nouvelle. La junte militaire birmane, qui s’est dissoute il y a deux ans, et dont Thein Sein était le Premier ministre, fonctionnait exactement de la même manière. Elle libérait quelques détenus de conscience avant chaque Assemblée générale des Nations unies. Une stratégie de séduction qui porte ses fruits.

Auparavant, les démocraties occidentales critiquaient les violations des droits de l’homme en Birmanie. Aujourd’hui, elles formulent des espoirs, le ton a changé, et surtout, elles s’intéressent davantage à l’implantation de leurs entreprises en Birmanie, plutôt qu’au bilan du pays en matière de droits de l’homme.

Lettre ouverte au président Hollande

Tous les gouvernements européens ouvrent leurs portes au président birman, devenu fréquentable après avoir mis en route, il y a un peu plus de deux ans, tout un train de réformes destinées à rendre le pays plus démocratique : libération d'Aung San Suu Kyi, autorisation de son parti, droit de manifester, plus grande liberté de la presse, etc.

Mais plusieurs associations de défense des droits de l'homme appellent François Hollande, qui doit également rencontrer Thein Sein ce mercredi, à « ne pas passer sous silence la situation des droits humains » en Birmanie. Car la démocratisation du pays est loin d'être achevée, explique Célestine Foucher d'Info Birmanie, une des ONG qui a signé une lettre ouverte au président Hollande à la veille de la visite de Thein Sein.

 

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