Avec notre envoyé spécial à Lahore, Christophe Paget
Dès le début, le Tehreek-e-taliban-e-Pakistan (TPP), les talibans pakistanais qui s'opposent à ces élections et au processus démocratique en général avaient dit qu'ils attaqueraient les candidats laïcs aux élections. Des candidats qui faisaient partie du gouvernement sortant. Et effectivement, le Parti national Awami et le Muttahida Qaumi Movement (MQM), basé à Karachi, ont été visés par des tirs et des attaques à la bombe. Du coup, pour ne pas se mettre en danger et ne pas mettre en danger les gens qui viennent à leurs meetings, ils ont été obligés d'en réduire considérablement la taille, alors que ces gros rassemblements sont un passage obligé au Pakistan au moment des élections.
Un des candidats du Pakistan's People Party (PPP), le parti au pouvoir, indiquait hier à RFI qu'à Lahore, et plus largement dans la région du Pendjab, certes la situation est calme, mais que, justement, il ne faut pas envenimer les choses. C'est pour ça que le PPP lui-même a été obligé de réduire la taille de ses meetings.
Un parti islamiste visé
Après s'en être pris aux partis laïcs, hier lundi, les talibans pakistanais ont attaqué un parti que logiquement ils auraient dû épargner, la Jamaat-e-Ulema-e-Islam, un parti islamiste. Ce petit parti a été visé parce qu'il était dans la coalition sortante. Les talibans l'ont dit dans leur revendication. L'attentat a fait au moins quatorze morts. En plus, cet attentat a eu lieu dans le Nord-Ouest, dans une des zones tribales, c'est-à-dire un des bastions des talibans, qui jusque-là les avaient épargnés pour ne pas se mettre à dos les populations.
A l'approche des élections, les talibans durcissent leur message : aucun des partis qui a soutenu le gouvernement, et donc qui a lancé des actions contre eux, n'est à l'abri. Cela devrait se traduire dans les urnes.