Avec notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou
On se croirait au service à la clientèle d’une PME. Une douzaine d’hommes, casque d’écoute sur la tête, compilent méticuleusement chacun des témoignages de leurs observateurs sur le terrain.
Ici, le téléphone sonne une centaine de fois par jour. Cette fois, c’est le drapeau d’un parti islamiste qui dépasse les dimensions autorisées. « Certains candidats donnent à manger aux électeurs, leur font des cadeaux, explique Arif Ullah, un des observateurs. Ils disent "votez pour moi et je vous donnerai un emploi, de l’argent". »
Quarante personnes tuées
Récemment, un d'entre eux a téléphoné en pleine nuit pour signaler qu’un bureau de la Commission électorale était en flammes. Depuis le début, les violences entâchent la campagne. Plus de quarante personnes sont mortes dans des attaques liées aux élections, selon Amnesty international. Les partis laïcs, notamment, sont expressément visés par les talibans, ce que déplore le patron de cette mission d’observation, Muddassir Rizvi.
« La situation sécuritaire déséquilibre le processus électoral, s'alarme-t-il. Les partis qui ont des positions fermes sur l’extrémisme sont la cible de violences et ne peuvent pas faire campagne comme ils veulent, alors que les autres partis, eux, le font sans difficulté. »
La violence mine aussi le travail des observateurs. Et d’aucuns craignent que le jour du scrutin, elle ne vise également des électeurs.