Les violences entre bouddhistes et musulmans s’étendent toujours en Birmanie

Après huit jours d’affrontements, on dénombre une quarantaine de morts. Le gouvernement impose de nouveaux couvre-feux dans de nouvelles localités alors que deux mosquées et une centaine de maisons ont encore été détruites la nuit dernière à environ 200 km au nord de Rangoon. Cette plus grande ville du pays est calme mais les habitants sont inquiets particulièrement dans les quartiers musulmans comme à Mingalar Taung Nyiunt où les commerçants estiment que ces violences ont été planifiées.

Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre

Les échoppes rouvrent car les rumeurs se taisent. Ici, au marché Mingalar, bouddhistes et musulmans s’étonnent encore du climat de méfiance qui a gagné leur quartier. Une vendeuse musulmane n'en revient toujours pas : « Je me suis installée au marché Mingalar un an après sa construction. C’était il y a 14 ans. Et c’est la première fois qu’il y a de telles tensions, ici. Sous le précédent régime militaire, nous pouvions dormir sur nos deux oreilles. Sous ce nouveau régime, nous ne pouvons même pas imaginer ce qui va se produire le lendemain. »

Depuis plusieurs jours, des groupes non-identifiés se livrent généralement de nuit à des actes de vandalisme anti-musulman, détruisant sur leur passage maisons et mosquées. Dans certaines villes les dégâts sont considérables. La semaine dernière au moins 40 personnes ont été tuées dans des violences inter-communautaires dans la ville de Meiktila, dans le centre du pays. Plusieurs milliers d'autres ont été déplacées.

Ceux qui osent se confier accusent l’armée d’orchestrer ces affrontements afin de déstabiliser le gouvernement civil, aux affaires depuis tout juste deux ans : « la plupart des gens au marché disent que certains groupes sèment l’agitation dans le pays pour permettre aux militaires de revenir au pouvoir. cela semble être vrai parce que les militaires ne protègent pas très bien la population quand il y a des troubles. Ils attendent que ça se passe. »

Le Président birman, Thein Sein, a lui aussi accusé des « opportunistes politiques » et des « extrémistes religieux » d’attiser ces violences.

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