Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Près d’1,2 million de voix. Jamais un gouverneur de Bangkok n’avait été élu avec un tel score. C’est que la compétition acharnée entre les deux principaux candidats, celui présenté par le gouvernement et celui du Parti démocrate d’opposition, a pris les allures d’une lutte à mort pour l’orientation politique du pays.
Bangkok, une mégapole de dix millions d’habitants, était le dernier bastion de l’opposition dans un pays dominé depuis près de deux ans par le clan politique de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 par un coup d’Etat.
Si le Parti démocrate d’opposition perdait le gouvernorat de la capitale, il était relégué dans les poubelles de l’Histoire. Et le Parti pour les Thaïlandais, dirigé par la sœur de Thaksin, l’actuelle Première ministre Yingluck Shinawatra, pouvait se targuer d’un contrôle sans précédent du royaume.
L'espoir de retour de Thaksin
Thaksin, qui vit en exil depuis 2008 après une condamnation à deux ans de prison pour corruption, manœuvre pour pouvoir rentrer au pays. Son rôle central dans une initiative récente pour négocier avec certains leaders séparatistes musulmans du sud du pays allait dans ce sens.
La défaite du parti représentant ses intérêts dans l’élection de Bangkok brise cet espoir, dans l’immédiat. En votant contre le gouvernement dirigé par sa sœur, les habitants de Bangkok ont exprimé la volonté de renforcer l’opposition face à la montée en puissance d’un clan politique qu’ils jugent inquiétante.