De notre correspondant à Kaboul,
L'information dévoilée par le Wall Street Journal en fin de semaine dernière a fait grand bruit. Un article du quotidien américain révélait que la compagnie aérienne Kam Air serait immédiatement retirée de tous les appels d'offres que peuvent lancer l'armée américaine en Afghanistan.
Des responsables militaires américains la suspectent en effet de profiter de certains de ses vols à direction de l'étranger pour faire passer illégalement de l'opium. Longtemps vantée pour son dynamisme et son sérieux, la plus importante compagnie aérienne afghane ferait transiter l'opium via Douchanbé au Tadjikistan, selon l'US Army.
Ces allégations ont été immédiatement démenties par le PDG de la compagnie. Les autorités afghanes ont également fait part de leur colère. Dans une déclaration, le porte-parole de la présidence a demandé aux Américains d'apporter la preuve de ces accusations et de mettre fin à leurs propos irresponsables.
Ouverture d’une enquête
L'ISAF, la force de l'Otan en Afghanistan, a décidé en début de semaine de calmer le jeu. Kam Air est temporairement réintégrée à la liste des sociétés pouvant prétendre à des contrats avec les armées étrangères. Mais une enquête devra être ouverte. Elle sera conduite par la justice afghane. Les Américains, comme le reste de la coalition, vont collaborer. Il est prévu que tous les documents compromettants soient transmis au pouvoir judiciaire afghan.
Mais de là à imaginer un procès, il y a grand pas à franchir. Car la compagnie Kam Air est sous la coupe du général Dostom, un chef de guerre afghan toujours très influent à Kaboul comme dans son bastion du nord du pays. On imagine mal cette forte personnalité abandonner la bataille et laisser Kam Air couler.
Si la fermeture de Kam Air n'est pas envisagée pour le moment, ce n’est pas le cas d’une autre compagnie aérienne afghane, Pamir Airways, dont on a découvert qu'elle avait servi à un énorme blanchiment d'argent. La Pamir était la première compagnie aérienne civile née en Afghanistan. Lancés en 1994, ses avions volaient en Inde, en Arabie Saoudite et au Emirats Arabes Unis. En proie à des difficultés financières à partir des années 2010, la compagnie a été rachetée par la Kabul Bank, l'ancienne plus grande banque privée d'Afghanistan.
Il a fallu attendre la faillite de cet établissement financier et un procès pour découvrir qu'en fait, les avions Pamir ont servi à faire sortir des millions de dollars. Et parfois de façon rocambolesque. Un audit demandé par la justice afghane avait ainsi révélé que des liasses de billets étaient dissimulées jusque dans les plateaux repas.