Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Le secrétaire du Parti communiste du quartier de Qingxiang, dans le district de Mayu où s’est déroulé le terrible drame, ainsi que le chauffeur du véhicule qui a écrasé l’enfant étaient toujours en garde à vue ce mercredi matin, selon le Quotidien du Peuple qui a qualifié hier l’accident « d’anormal ». Depuis le scandale autour de l’avortement forcé d’une jeune femme du Shaanxi en juin dernier, les autorités marchent sur des œufs. D’après le centre de défense des droits de l’homme basé à Hong Kong, un millier de personne se seraient ainsi attaqué mardi soir aux bâtiments officiels du district.
Depuis hier, les témoignages se multiplient dans la presse locale sur l’accident. Les agents du planning familial seraient venus chercher les deux parents âgés de 39 ans. Avant d’avoir le petit garçon, la famille avait déjà deux filles, et le couple n’avait pas versé l’amende imposée pour cet enfant jugé en « trop » selon les critères du planning. Une dispute éclate : La mère est déjà dans la voiture, le père, dont les vêtements ont été en partie déchirés lors de l’altercation, commence à monter. Des villageois entendent alors crier : « roule, roule ! ». Le garçon tombe des bras de son père, les roues de la voiture lui passent dessus.
Au-delà des circonstances, cet incident réveille à nouveau les critiques contre la politique de l’enfant unique dans une Chine vieillissante. « Mettre fin au planning familial est le seul moyen d’arrêter ce genre de meurtre », écrit sur son blog Zhou Jiaqun, professeur à l'Université de la province de l’Anhui. « Il faut abolir le planning familial, les amendes sont devenus le moyen d’accumuler des richesses pour les gouvernements locaux », estime pour sa part l’internaute Shiye Xiangnvren sur son compte weibo. « La politique de l’enfant unique n’est pas simplement une politique de contrôle des naissances, elle nous rend esclave, poursuit l’internaute Fengzi Eryi. C’est un contrôle des esprits et des corps ».
Des critiques qui pour l’instant n’ont rien changé. En janvier de cette année, le planning familiale de Wenzhou, ville la plus peuplée de la province du Zhejiang (est) à laquelle appartient le district de Mayu, a décidé de limiter les naissances à 100 000 bébés par an. Plus de trente ans après son apparition, la politique de l’enfant unique n’a pourtant pas fait disparaître la tradition de l’attachement au fils dans les campagnes. Le père du garçon décédé s’appelle Chen Liandi, un prénom qui en mandarin signifie « Un frère à suivre ».