Avec notre envoyé spécial à Macau , Stéphane Lagarde
La Chine compte aujourd’hui près de 350 camps de rééducation par le travail. A raison de 1 000 à 2 000 prisonniers par camp, cela fait au moins 350 000 personnes détenues arbitrairement affirme aujourd’hui Hu Xingdou, auteur dès 2003 de deux lettres ouvertes contre ce système concentrationnaire : « Environ 100 000 personnes militent depuis maintenant près de 10 ans pour la fin des camps de travail, confie ce professeur d’économie à l’institut de technologies de Pékin venu spécialement pour ce premier forum sino-européen de Macau. Des avocats, des professeurs, des activistes se sont mobilisés notamment via internet. C’est probablement le plus large mouvement de contestation de l’histoire de la Chine moderne ».
Loin des machines à sous, les débats en marge du forum sont tout aussi fébriles que les joueurs dans les casinos de Macau. Car si la réforme est à peu près acquise, reste à savoir quelle forme elle prendra.
« Un système aboli, mais pas complètement »
Pour l’avocat Teng Biao, le système ne sera pas totalement abandonné : « Le système de rééducation par le travail sera bien aboli, mais pas complètement, estime-t-il. Il sera remplacé par des nouvelles régulations mais qui nécessiteront de passer devant les tribunaux ce qui constitue déjà en soi un progrès, même s'il reste de nombreuses façons de violer les libertés individuelles dans le pays ».
Pour éviter cela, la Chine a besoin sinon d’une réforme constitutionnelle, au moins du respect des libertés inscrites dans la Constitution chinoise. Un respect des lois et de la Constitution également évoqué dans le discours du futur président Xi Jinping.