Petite révolution en Chine: Foxconn veut faire des élections syndicales

En Chine, le géant taïwanais de l’électronique Foxconn annonce vouloir renforcer la représentativité des syndicalistes dans ses usines chinoises. L’assembleur de l’iPad et de l’iPhone a fait cette proposition dans le contexte d’une hausse des salaires et de mouvements sociaux à répétition. Des formations aux élections des délégués syndicaux doivent être mise en place à la fin des vacances du nouvel an lunaire. Mais pour l’instant, les avocats du travail en Chine attendent de voir.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Si l’annonce est suivie d’effets, ce serait une petite révolution dans un pays où les syndicats indépendants sont techniquement interdits. Après les vacances du Nouvel an lunaire, le principal client d’Apple et plus gros employeur de Chine continentale entend former ses ouvriers aux élections des représentants du personnel, qui pour l’instant, ne servaient qu’à entériner les décisions de la direction.

« Dans les faits, ce droit est limité, voire interdit »

« Même si la liberté d’association est inscrite dans la Constitution chinoise, explique Teng Biao, avocat du travail basé à Shenzhen, dans les faits, ce droit est limité voire interdit. En Pologne, les syndicats indépendants ont joué un rôle très important dans le changement de régime. L’Etat est donc toujours très vigilant vis-à-vis des unions ouvrières et paysannes. Il n’y a donc pas de vrais syndicats en Chine. Tous sont contrôlés par les autorités et ne font aucun effort dans les négociations pour défendre les ouvriers. Dans la province du Zhejiang (est), des paysans ont tenté de créer des associations, elles ont toutes été réprimées ».

Les mandats de 18 000 comités syndicaux au sein du groupe Foxconn qui compte plus d’un million de salariés en Chine continentale doivent être renouvelés d’ici à 2014. Une annonce saluée par les défenseurs des droits du travail, mais qui ne constituerait qu’une première étape

« Tout dépend s’ils veulent vraiment réellement écouter les ouvriers »

« Bien sûr que c’est une bonne chose, affirme ainsi Geoffrey Crothall de l'association China Labour Bulletin basée à Hong-Kong, mais ce n’est qu’un petit pas. Tout dépend maintenant de l’attitude qu’aura Foxconn vis-à-vis des représentants syndicaux. Tout dépend s’ils veulent vraiment réellement écouter les ouvriers et les laisser participer les négociations. Jusqu’à présent, ils n’entendaient que les donneurs d’ordres et ceux qui fixent les salaires et le temps de travail. Il n’y a pas aujourd’hui de base légale aux négociations pour les ouvriers chinois, et c’est cela qu’il faut changer ».

Foxconn n’est pas la première entreprise en Chine à annoncer des élections syndicales libres. Jusqu’à présent elles n’ont jamais abouti.

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