De notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Les autorités pakistanaises ont retrouvé les 21 corps criblés de balles, les mains ligotées, dans la nuit de samedi à dimanche. Un soldat gisait grièvement blessé près des cadavres de ses collègues; un autre avait pu s’échapper. Les 23 militaires avaient été enlevés trois jours plus tôt par les talibans qui avaient attaqué à coups de lance-roquettes et de mortiers leur campement tout près de Peshawar, chef-lieu de la région.
Ces assassinats surviennent alors que vendredi 28 décembre, les talibans ont fait circuler une vidéo dans laquelle ils se disent prêts à négocier un cessez-le-feu, mais refusent cependant de rendre les armes. Jusqu’à maintenant, le gouvernement pakistanais a toujours refusé officiellement de discuter avec le groupe islamiste tant qu’il ne renoncera pas à la violence.
Mais les talibans pakistanais, loin de désarmer, multiplient les attaques dans le nord-ouest du pays depuis quelques jours. Il y a une semaine, un attentat-suicide avait causé la mort d’un ministre de la province du Khyber-Pakhtunkwa, Bachir Bilour, qui ne cachait pas son opposition aux extrémistes. Et la semaine précédente, le groupe avait attaqué l’aéroport de Peshawar et sa base militaire, faisant cinq morts.
Violences sectaires
En parallèle de ces attaques contre les forces gouvernementales, vingt pèlerins chiites ont été tués, dans la nuit, dans un attentat sur une route du Balouchistan, dans le sud-ouest du Pakistan. Une bombe actionnée à distance a explosé au passage de leur convoi. Cette attaque vient s’ajouter au sombre bilan des violences sectaires dans le pays.
Plus d’une centaine de pèlerins chiites en route vers l’Iran voisin, circulaient dans un convoi de trois autobus à une trentaine de kilomètres de Quetta, la capitale du Balouchistan. L’explosion a mis le feu à l’un des véhicules et la plupart des victimes sont mortes brûlées, selon les autorités. Une vingtaine de personnes ont été blessées.
La minorité chiite du Pakistan représente près d’un cinquième de la population mais elle est régulièrement la cible d’attaques. Au mois d’août, des homme armés avaient fait descendre des passagers d’un bus dans le nord du pays et avaient exécuté 19 d’entre eux, tous chiites.
Le mois dernier, pendant les célébrations de l’Achoura, une série d’attentats avait aussi visé la minorité. En tout, près de 350 chiites ont été tués depuis le début de l’année au Pakistan.
Les violences sectaires se multiplient notamment au Balouchistan qui abrite plusieurs groupes islamistes radicaux. La province est aussi le berceau d’une rébellion régionale qui réclame plus d’autonomie et une plus grande part des profits tirés de ses ressources en gaz et en pétrole. L’attentat de ce matin n’a pas été revendiqué, mais les rebelles baloutches n’ont à ce jour jamais visé la minorité chiite.