De notre correspondant à Pékin, Joris Zylberman
A partir du 1er janvier 2013 en Chine, une personne âgée qui se sent abandonnée pourra poursuivre ses enfants en justice. La nouvelle loi entérinée sonne d’abord comme une confusion de l’ordre moral et du juridique.
Pourtant, l’enjeu est ailleurs. Il est dans la prise en charge des plus de 60 ans. Dans les trente ans à venir, la Chine comptera plus de 400 millions de sexagénaires. Et elle n’a déjà plus la place de construire autant de maisons de retraite que nécessaire. C’est donc à domicile que se jouera l’aide à la dépendance. Aux enfants de surveiller leurs parents âgés ou de leur payer des aides à domicile. Aux communautés de quartier, via les familles, de fournir les services d’un hospice.
Cette nouvelle loi illustre les immenses problèmes démographiques du pays. La politique de l’enfant unique a bouleversé la pyramide des âges. La hausse du niveau de vie a donné des espoirs d’aisance matérielle et conduit à un individualisme qui a broyé les liens de la famille traditionnelle chinoise. Et de l'autre côté, le système de retraite n’est toujours pas à la hauteur du défi du vieillissement en Chine.