Japon: la crise économique s’étend au politique

Le ralentissement a atteint l’économie japonaise, qui, après le choc de la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, est maintenant confrontée aux effets de la crise mondiale. Sans compter les tensions diplomatiques avec le voisin chinois qui aggravent la situation.

L’économie japonaise va mal et les finances publiques en pâtissent. Les recettes fiscales déprimées sont très insuffisantes pour couvrir les dépenses de l’Etat et le Parlement vient d’autoriser le gouvernement à émettre des bons du Trésor pour boucler le budget. Ces bons du Trésor devraient couvrir environ 40% du budget qui court jusqu’en mars 2013. Mais cela va contribuer à alourdir encore la dette déjà colossale du Japon. Pour obtenir cet accord, le Premier ministre a dû promettre à l’opposition des élections législatives anticipées, ajoutant l’incertitude politique d’une alternance au pouvoir aux difficultés économiques.

Pour la quatrième fois de suite, en novembre, le gouvernement japonais a dû revoir à la baisse ses perspectives économiques. De juillet à septembre le PIB a reculé de 0,9% par rapport au deuxième trimestre. En cause, la chute de 5% des exportations d’un trimestre sur l’autre et un marché intérieur qui ne compense pas ce recul. Très dépendante du commerce extérieur, l’économie japonaise souffre de la crise en zone euro et de la faible croissance aux Etats-Unis qui pèsent sur les exportations d’automobiles et de composants électroniques. Conséquence : l’investissement, moteur de la consommation intérieure, est en berne. Ainsi les achats de biens d’équipement ont fléchi et n’ont été que partiellement compensés par une progression des commandes publiques liées à la reconstruction des régions dévastées par le tsunami de mars 2011.

Inconvénients du yen fort

Le recul des investissements des entreprises s’ajoute à la faiblesse de la consommation des ménages qui favorise une politique de bas prix et de réduction des coûts ce qui concourt à la baisse des investissements, de la production, des emplois et des salaires. Au total, après un recul de 0,7% en 2011, le PIB japonais pourrait afficher une croissance inférieure à 1%. Pour tenter de relancer la machine, le probable prochain Premier ministre, le libéral-démocrate Shinzo Abe, envisage une réduction des taux d’intérêt de la Banque centrale jusqu’à zéro ou même moins. Paradoxalement, le yen bénéficie des craintes des marchés concernant l’euro et s’apprécie au moment où le Japon a le moins besoin d’une devise forte qui entrave ses exportations.

Effets des tensions avec la Chine

Les répercussions de la crise en Europe et aux Etats-Unis sont encore aggravées par les tensions diplomatiques avec la Chine à propos des îles contestées par les deux pays. Les ventes d’automobiles japonaises en Chine, le premier marché mondial du secteur, ont chuté de près de 60% en octobre 2012 par rapport à octobre 2011. Or, le marché chinois continue de progresser, notamment en faveur des automobiles allemandes qui ont augmenté leurs ventes de 20% sur les dix premiers mois de l’année. Nissan a enregistré des baisses de ventes en Chine de 35% en septembre et 40% en octobre. Toyota s’attend à vendre 200 000 voitures de moins que prévu entre octobre 2012 et mars 2013.

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