Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Ce n’est pas seulement parce que l’appel au dialogue vient de la Russie, soutien indéfectible à Damas, qu’il apparaît irrecevable pour Ankara. Ce n’est pas non plus parce que la Turquie soutient ouvertement l’opposition politique et armée au régime baasiste et à Bachar el-Assad. C’est avant tout pour le chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu, parce que l’homme fort de Damas poursuit ses massacres y compris durant la fête religieuse du Sacrifice.
L’Aïd el-Adha est un peu l’équivalent pour les musulmans de la fête chrétienne de Noël, et normalement propice à une trêve dans les conflits violents. Mais cette année encore – alors que l’an dernier c’est Ankara qui avait appelé à la suspension des opérations militaires, en vain également – la trêve est restée lettre morte.
C’était d’ailleurs prévisible, pour la première et bonne raison que le clan alaouite au pouvoir n’a aucun respect pour une pratique religieuse sunnite qu’il ne partage pas. Mais aussi car, depuis bien longtemps, Ankara et ses alliés, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Européens et les Américains ne croient de toute façon plus à une issue négociée dans la crise syrienne. Ils ont même parié sur le renversement pur et simple du pouvoir finissant de la dynastie el-Assad.