«La situation est mauvaise et empire. Si ce n'est pas une guerre civile, je ne sais pas ce que c'est...». Lors de sa rencontre avec Sergueï Lavrov, Lakhdar Brahimi n'a pu que se rendre à l'évidence.
Depuis le vendredi 26 octobre et l'échec de la trêve que l'armée syrienne et les rebelles s'étaient engagés à respecter, plus de 400 personnes ont été tuées. Et ce lundi c'est l'aviation syrienne qui, à en croire l'OSDH, a été mise en avant par le régime. Les raids des chasseurs-bombardiers auraient été les plus violents depuis leur entrée en action l'été dernier ; ils auraient effectué pas moins de 60 sorties. La banlieue nord-est de Damas, ses terres agricoles et ses vergers, aurait été particulièrement visée selon l'OSDH, pour empêcher les rebelles de s'y regrouper et renforcer leurs positions.
La périphérie sud-est de la capitale a elle été touchée par un attentat à la voiture piégée, près d'une boulangerie à Jaramana, une localité favorable à Bachar el-Assad. Onze personnes auraient été tuées selon la télévision officielle syrienne, qui parle aussi d'un autre attentat à la voiture piégée à Hajar al-Aswad, un quartier sud de la capitale. Une situation dont le médiateur Lakhdar Brahimi parlera ce mardi 30 octobre en Chine, après son passage en Russie. Les deux pays –Russie et Chine- opposent jusqu'ici leur veto à toute résolution visant à faire pression sur Bachar el-Assad.
Un nouveau front à Alep
La rupture est totale entre les Kurdes de Syrie et la rébellion, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
De violents affrontements ont eu lieu entre les deux parties lorsque les rebelles ont tenté de prendre d’assaut ce lundi 29 octobre la localité kurde de Kastel Jando dans la province d’Alep. Au moins quatre insurgés ont été tués par les membres des Comités populaires kurdes, une milice d’auto-défense qui s’est opposée à l’avancée des rebelles.
A Alep, des centaines de Kurdes ont manifesté contre des rebelles qui ont pénétré dans le quartier d’Achrafiyé. Des vidéos mises en ligne ce lundi montrent une foule en colère en train de scander des slogans en kurde et en arabe. Certains hommes sont armés ; des coups de feu éclatent et les manifestants se dispersent avant de se regrouper.
Ce lundi 29 octobre, un Kurde torturé par des rebelles, à Alep toujours, a succombé à ses blessures selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), proche de l’opposition. Le jeune homme, âgé de 37 ans, fait partie d’un groupe de 200 Kurdes enlevés par des insurgés après des combats qui ont fait une trentaine de morts, entre les deux parties, la semaine dernière. Cent vingt Kurdes avaient été libérés dimanche après d’intenses médiations entreprises par des dignitaires des deux bords.
L’ouverture de ce front risque d’embraser la province d’Alep où vivent quelques 600 000 Kurdes et 2 millions et demi d’Arabes.