Dix ans après les attentats, Bali fourmille de touristes comme si de rien n’était. Surfeurs, familles et fêtards se bousculent dans les cafés et sur les plages de Kuta, à deux pas du mémorial en marbre dressé en hommage aux 202 morts du 12 octobre 2002.
C’est là, tout près de l’endroit où il a failli perdre la vie, que Phil Britten est venu se recueillir. Cet Australien de 32 ans montre sans complexe les cicatrices des brûlures qui recouvrent ses bras, son torse et son dos.
Brûlé à 60% par le souffle des explosions, il a eu plus de chance que sept de ses amis qui n’ont pas survécu au drame, mais mentalement, la reconstruction a été très difficile : « Très souvent, j’ai eu envie d’abandonner, de me suicider. Je me disais, pourquoi je suis vivant, pourquoi moi ? J’ai dû apprivoiser ma peur, mais finalement, je suis passé au-dessus et j’ai fini par m’accepter tel que je suis, je suis un survivant des attentats de Bali, ça fait partie de mon identité. »
De retour pour les commémorations
Comme lui, des centaines de rescapés et les familles des disparus sont de retour à Bali cette semaine pour commémorer les dix ans des attentats.
Peter Hughes, un cinquantenaire qui a mis dix ans à se remettre de ses blessures, raconte que les liens créés pendant leur convalescence n’ont jamais disparu : « En Australie, on se voit régulièrement, surtout pour les anniversaires des attentats. Chez les blessés, il y a beaucoup de gens qui sont tombés dans la dépression et le stress post-traumatique est toujours là. Surtout les jeunes, ceux qui ont 30 ou 35 ans aujourd’hui, ceux-là, on leur a vraiment volé leur vie. C’est pour ça que j’ai témoigné devant la justice contre les poseurs de bombe. Et j’ai fait de mon mieux pour qu’ils soient condamnés à mort. »
Les cerveaux des attaques ont bien été exécutés sur décision de la justice indonésienne, mais Peter Hughes déplore qu’aucune compensation financière n’ait jusqu’ici été versée aux victimes par le gouvernement de Jakarta.
Querelle autour du lieu de mémoire
Les survivants ont par ailleurs fondé une association pour réclamer un véritable lieu de mémoire à l’emplacement de l’ancien Sari Club, l’une des deux discothèques visées par les bombes. Malgré une offre d’un million de dollars, le propriétaire des murs refuse toujours de céder son terrain, situé dans un quartier très touristique.
En attendant, la police indonésienne continue de quadriller les rues de Bali. Il y a deux jours, elle aurait reçu des informations sur une « menace crédible d’attentat » visant la cérémonie de commémoration des attentats de 2002.