Chine : après le séisme dans le Yunnan, la qualité des constructions critiquée

Quatre-vingt-quatre morts et 740 000 sinistrés, c’est le dernier bilan publié ce samedi par l’agence Chine Nouvelle suite au séisme qui a frappé le sud-ouest de la Chine vendredi. Le tremblement de terre d’une magnitude de 5,6 a touché la province du Yunnan, endommageant des milliers d’édifices. Aujourd'hui, la qualité des constructions est remise en question.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Il était près de midi lorsque la terre a tremblé vendredi 7 septembre dans le district de Yiliang (province du Yunnan) où ont été recensées la plupart des victimes. A cette heure, nombreux sont les élèves qui quittent des établissements ruraux dépourvus de cantine pour déjeuner à la maison, confie Zhu Yinquan au journal Shenghuo Xinbao.

Ce professeur avait repris le travail mardi dernier à la maternelle de Yunluo dans le village de Jiokui. L’école construite en 2006 n’a pas résisté au séisme. Trois élèves sont morts parmi les sept qui étaient restés sur place à la pause déjeuner.

Ecoles tofu

Selon les bilans officiels, publiés ce samedi matin, 357 établissements scolaires du district ont été endommagés par le séisme. C’est là que se sont tournés immédiatement tous les regards. Le séisme de Wenchuan en 2008 est encore dans toutes les mémoires, et notamment le scandale des « écoles tofu », aussi molles que du pâté de soja, en raison des matériaux de piètre qualité utilisés lors de leur construction.

Les images des télévisions chinoises montrent effectivement ce samedi matin des rues jonchées de briques, de tuiles tombées des bâtiments alentours. On y voit aussi des habitants encore hébétés rassemblés sur les places ou près des écoles justement, mais refusant toujours de s’y abriter par crainte de nouvelles répliques. « Le tremblement de terre détruit les illusions de la croissance », éditorialise ce matin le Global Times. « La Chine est loin d’avoir achevée son processus de modernisation et reste vulnérable aux catastrophes naturelles, poursuit le journal anglophone. De nombreuses habitations ont été mal construites et se sont effondrées (car) beaucoup préfèrent un appartement ou une maison plus grande plutôt que plus sûre et plus chère. »

Régions montagneuses pauvres

Une manière de dire aussi que le séisme de 2012 n’est pas celui de 2008. En 2008, c'est la corruption qui était rendue responsable des défauts de constructions. Aujourd’hui, c’est la pauvreté de ces régions montagneuses qui est pointée du doigt, selon la presse officielle. Le district d’Yiliang compte près de 500 000 habitants dont une forte proportion fait partie des minorités ethniques Miao et Hui.

Le séisme de 5,7 sur l’échelle de Richter aurait-il fait moins de victimes dans une région plus développée ? Les bilans risquent en tout cas de s’alourdir. Ce samedi matin, des pierres continuaient de tomber de la montagne, près de la ville de Zhaotong également très touchée, ont indiqué les internautes. Au total, 529 routes se sont effondrées suite aux secousses de 11h17 et de 13h12 qui ont frappé hier la province du Yunnan dans le sud-ouest du pays.

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