Des nationalistes japonais débarquent aux îles Senkaku revendiquées par la Chine

Une dizaine de nationalistes japonais ont débarqué ce dimanche 19 août à l'aube sur les îles Diaoyu, selon leur nom chinois, ou Senkaku d'après leur nom japonais. Ces îles situées en pleine mer de Chine orientale sont au coeur d'une dispute territoriale entre Pékin et Tokyo. En guise de protestation, des manifestations ont été organisées dans au moins six villes chinoises, notamment à Shenzen non loin de Hong Kong.

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

Les observateurs étrangers, ici à Tokyo, suivent cette escalade dans les tensions territoriales entre le Japon et la Chine avec énormément d’inquiétude.

Ce dimanche 19 août, une dizaine de militants nationalistes japonais, parmi eux des membres du Parlement de la ville de Tokyo, ont débarqué sur l’une des îles Senkaku, pour y planter des drapeaux japonais.

Quelques jours plus tôt, des militants pro-Chinois y avaient planté des drapeaux chinois, avant d’être arrêtés par des gardes-côtes japonais, puis expulsés vers Hong Kong.

Aujourd’hui, les gardes-côtes japonais se sont contentés de suivre la flottille japonaise, une vingtaine de bateaux avec 150 personnes à bord. Ils ont laissé le président de l’association nationaliste Gambari Nippon, « En avant le Japon », sauter à l’eau et nager avec une corde jusque vers l’une des îles de l’archipel Senkaku.

Le gouvernement japonais avait pourtant interdit à ces nationalistes de débarquer sur l’île, pour éviter une épreuve de force avec la Chine, laquelle risque à tout moment de dégénérer en affrontement militaire.

Les Etats-Unis, eux, refusent de soutenir le Japon dans ce contentieux territorial. Ils reconnaissent que les îles Senkaku sont sous administration japonaise, mais le protecteur américain se garde de dire que les îles sont placées sous la souveraineté territoriale japonaise.

 

Manifestations en Chine

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

« Dégagez les Japonais ! »... La colère du web chinois ce dimanche matin est à la mesure de celle exprimée par les internautes nippons la semaine dernière.

Comme le 15 août dernier, la flottille japonaise est arrivée sur Uotsurjima, l’île principale du récif contesté, au lever du soleil, raconte un journaliste de l’AFP qui se trouvait à bord. Même objectif : défendre la souveraineté du pays et donc cette fois celle du Japon.

Les pieds dans l’eau avec leur drapeau

Comme pour les Chinois, le gouvernement japonais a refusé de donner l'autorisation au groupe d’accoster sur les îles. Les organisateurs ont donc annoncé avant leur départ qu'ils se contenteraient d'une cérémonie à bord de bateaux amarrés « à distance ».

Mais sur une zone, là encore comme les activistes chinois, les militants pro-japonais ont débarqué les pieds dans l’eau avec leur drapeau. Chine-Japon, un partout !

Ce n’est pourtant pas le sentiment partagé côté chinois. Samedi, Pékin a fermement demandé à Tokyo de « cesser immédiatement toute action portant atteinte à sa souveraineté », ce qui n’a pas empêché le départ de la flottille.

« Pourquoi le gouvernement n’envoie pas notre marine pour leur répondre ? », demande ainsi ce dimanche matin un internaute chinois sur le réseau social weibo, tandis que le Beijing Times dénonce les conditions dont auraient été victimes les militants chinois la semaine dernière lors de leur interpellation par les gardes-côtes japonais. Selon ce quotidien de Pékin, ces derniers ont été « enfermés à trois dans une pièce de deux mètres carrés », « empêchés de se rendre aux toilettes » et « privés de sommeil ».

Manifestations anti-japonaises

Suite au départ de la flottille, des manifestations contre le Japon ont éclaté dans plusieurs villes de Chine, avec un rassemblement de plusieurs centaines de personnes à Xi’an, la capitale de la province du Shaanxi (centre) selon la presse chinoise.

Le « comité d’action et de défense des îles Diaoyu » basé à Hong Kong annonce de son côté qu’il prévoit d’organiser une nouvelle expédition sur les îles de la discorde en octobre prochain malgré les menaces de poursuite judiciaire pour violation des règlements maritimes de Hong Kong qui pèse sur certains de ses membres.

Quatre policiers hongkongais sont montés à bord du Kai Fung N°2 après son départ dimanche dernier, raconte le South China Morning Post. La police maritime aurait alors sommé les activistes de faire demi-tour, en vain. La timonerie était bloquée, les policiers chinois ont dû quitter l’embarcation enregistrée comme bateau de pêche avant qu’elle n’entre dans les eaux internationales.

Comme Tokyo, Pékin et en l’occurrence ici les autorités de Hong Kong prennent à chaque fois le soin de ne pas apparaître comme liées aux actions des nationalistes, sans toutefois les décourager.

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