La mission spatiale «Shenzhou IX» fait décoller les médias chinois

Le lancement réussi samedi soir 16 juin de la mission Shenzhou IX avec à son bord trois taïkonautes, dont pour la première fois une femme, a reçu un écho considérable en Chine. Le « vaisseau divin » doit s’amarrer au module spatial Tiangong I, une mission qui est prévue pour durer un peu plus de 10 jours et qui passionne tout un pays.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Le compte a rebours de la fusée Longue Marche II-F, les Chinois n’ont pas fini de les revoir avec ces images de la fusée qui disparait dans le ciel du désert de Gobi. Dimanche matin, Shenzhou IX faisait encore décoller les ventes des journaux avec, en vedette, le visage souriant de Liu Yang, la nouvelle héroine du pays qui a droit à des envolées lyriques. Petite, elle voulait devenir avocate ou chauffeur de bus ; la voilà transformée en nouvelle Chang’e, la déesse de la Lune.

Contraintes techniques et pressions psychologiques

Le tir réussi de samedi n’est qu’un petit pas pour l’humanité, puisqu’il a été déjà été réalisé par les Russes et les Américains, mais c’est assurément un grand pas pour les femmes taïkonautes. Cette mission très technique est également cruciale pour le programme spatial chinois. Contrairement aux précédentes missions Shenzhou, il s’agit ici d’organiser la rencontre entre deux engins orbitaux volant à grande vitesse. Il y a aussi un enjeu psychologique, puisqu’il faudra passer une semaine en apesanteur à l’intérieur des 15m3 du module Tiangong I.

Malgré ces pressions, les trois taïkonautes avaient tous l’air détendus à leur arrivée au pied du lanceur. Le colonel Jing Haipeng, en chef d’équipage expérimenté, semblait embarquer pour un weekend à la campagne tandis que Liu Yang, alourdie dans sa démarche par le scaphandre de l’espace, retrouvait toute sa grâce en saluant les techniciens rassemblés, à la manière d’une rock star.

Certains journaux affirment que cette pilote d’élite de l’Armée populaire de libération a écouté les tubes du chanteur Luo Dayou pendant son ascension. Même si cela parait difficilement compatible avec la digestion de centaines d’informations à gérer lors de ce genre de décollage, peu importe… Liu Yang est une héroïne et son sourire aura déplacé les foules devant les écrans des centaines de chaînes qui ont retransmis l’évènement en direct ce samedi.

34 millions de commentaires sur Sina Weibo

Près de 34 millions de commentaires sur le réseau social Sina Weibo, plus de 450 reportages dans les journaux, contre 300 titres consacrés au lancement de Zhenzhou VIII en novembre dernier : c’est le plus gros événement médiatique en Chine depuis les Jeux olympiques de 2008 ! Liu Yang devait partir dans la prochaine mission habitée et ce départ avancé est donc aussi, pour de nombreux observateurs cités par le South China Morning Post dimanche matin, un moyen pour le Parti communiste chinois de redorer son blason avant le 18e congrès de cet automne.

Mais la mission est sans précédent pour le programme spatial chinois. Alors que l'équipage de trois hommes à bord du Shenzhou VII devait donner lieu à la première marche dans l'espace d’un astronaute chinois, cette fois-ci l'équipage est confronté à une série de contraintes techniques et psychologiques. Ils seront les premiers dans le programme à faire un transfert habité vers le module Tiangong I, une procédure très technique. Deux des astronautes seront ensuite tenus de passer une semaine à l'intérieur du module, tandis que le troisième restera à l'intérieur de la capsule.

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