Pakistan: l'insécurité menace le travail des humanitaires

Au Pakistan, le travail des ONG devient de plus en plus dangereux. La situation n’a cessé de se dégrader ces derniers mois. Fin avril, un employé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a été décapité dans la province du Balouchistan, frontalière de l’Afghanistan. Un otage américain, dont la vidéo implorant Barack Obama de lui sauver la vie a été rendue publique, est toujours entre les mains de ses ravisseurs. Le Forum humanitaire du Pakistan, qui regroupe une cinquantaine d’organisations dont Action contre la Faim (ACF), estime que l’insécurité risque de priver d’assistance de nombreux pakistanais. 

Depuis 2009, au moins 19 travailleurs humanitaires ont été tués et une vingtaine enlevés pour des motifs politiques ou crapuleux, indique le Forum humanitaire du Pakistan. Et la découverte le 29 avril du corps décapité de Khalil Dale, un employé britannique du CICR, inquiète au plus haut point dans le milieu des ONG.

« Tout le monde a été très choqué. Toutes les organisations humanitaires sont ébranlées. Elles essayent de ne pas oublier les populations que nous assistons et les gens qui ont besoin de nous, explique une responsable humanitaire sous couvert d’anonymat. Mais en même temps, ces organisations doivent faire la part entre notre sécurité et l’impact de notre travail sur le terrain. »

Embarras des humanitaires face aux méthodes de la CIA

L’insécurité croissante a déjà amené plusieurs ONG à revoir leur engagement. Et dans ce contexte, la communauté humanitaire a été scandalisée d’apprendre que la CIA américaine aurait mené une fausse campagne de vaccination - donc utilisé une couverture humanitaire - pour repérer Oussama ben Laden avant son élimination.

« Les rumeurs, qu’elles soient vérifiées ou non, mettent les gens en danger sur le terrain. Parce que notre sécurité dépend tellement de la confiance que nous accordent les populations que nous aidons, insiste notre interlocutrice. Et puis notre travail s’appuie sur des principes humanitaires qui sont l’indépendance et la neutralité. C’est quelque chose que nous prenons très au sérieux. »

Le retrait même partiel de certaines ONG du Pakistan peut avoir de lourdes conséquences. Car des millions de personnes dépendent actuellement de l’aide humanitaire internationale.

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