Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est un coup de fil du président Hu Jintao à un haut responsable de Chongqing, en août dernier, qui a donné l’alerte. Le détecteur de mouchards est alors formel : le téléphone pourtant sécurisé du chef de l’Etat chinois est sur écoute !
De quoi renforcer la paranoïa du pouvoir central. Dès cet instant, Pékin n’a plus lâché sa surveillance sur le patron de cette mégalopole du sud-ouest Bo Xilai et surtout son bras droit qualifié alors « d’incorruptible » par les médias chinois.
C’est en effet le célèbre chef de la police de Chongqing qui, selon le New York Times, aurait été chargé de réaliser ces écoutes des dirigeants chinois de passage à Chongqing. C’est lui, Wang Lijun, qui sentant le vent tourner, aurait également fait surveiller son propre patron, ainsi que sa femme aujourd’hui accusée du meurtre de Neil Heywood, consultant britannique et probablement agent des services secrets.
On connait la suite. Bo Xilai pour préserver sa carrière fulgurante au sein du Parti n’aurait pas hésité à sacrifier son lieutenant. Wang Lijun s’est alors réfugié au consulat américain de Chengdu, déballant tout ce qu’il savait sur le clan Bo Xilai et conduisant à la chute de l’une des étoiles montantes du régime. Ce grand déballage savamment orchestré depuis l’intérieur du parti est lui-même révélateur aujourd’hui de la guerre de succession en cours au sein de l’appareil d’Etat. D’autres têtes pourraient bientôt tomber.