Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Après la sentence officielle, le cœur des supporters. A croire que les rotatives n’avaient que quelques caractères en magasin ce mercredi 11 avril. Un titre, un seul, revient à la Une de la plupart des journaux chinois.
« Une enquête a été ouverte sur de sérieuses violations de discipline commises par Bo Xilai ».
Sous titre : Gu Kailai, son épouse, est soupçonnée d’homicide volontaire. Comme s’il fallait le surligner, le Quotidien du Peuple dit soutenir « la décision correcte du Parti central ».
« Bo exclu du politburo », titre de son côté le Global Times.
Du coup, les langues aussi se délient sur internet. Ce qui était encore qualifié de rumeur ce lundi était donc vrai, commentent les internautes ce mercredi matin.
L’artiste Ai Weiwei a transformé son atelier en orchestre et publie une chanson composée pour la chute du Prince rouge : « Ton regard est aussi acéré qu’une épée, tu dénonces sans relâche le mal et les ténèbres, ton nom fait trembler de peur les officiels corrompus ».
Manière de fustiger celui qui a longtemps été qualifié de héros de la lutte contre la corruption. Un enthousiasme pour la purge toutefois largement contrôlé par le Parti qui craint des débordements. Les termes « Bo Xilai », « Gu Kailai », « Chongqing » sont interdits sur tout le réseau social weibo, même en alphabet latin.
« C’est un évènement de dimension national pour un grand peuple, pourquoi alors avoir décidé d’attendre près de minuit hier soir pour le rendre public ? », ironise ce matin un weibonaute répondant au pseudo « Xinwenyisi », ou en français « le journalisme est mort ».