Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
« Les déclarations du Premier ministre, sont très graves et pourraient avoir des conséquences douloureuses sur le pays » a fait savoir le pouvoir militaire dans le communiqué publié ce mercredi 11 janvier 2012. Par cet avertissement, l’institution la plus puissante du pays qui a gouverné le Pakistan pendant plus de la moitié de son existence est sortie de sa réserve habituelle.
En fait, les militaires ont réagi à une interview donnée à un media chinois par le chef du gouvernement. Une interview dans laquelle le premier ministre accuse les responsables militaires d’outrepasser leur rôle en poussant la Cour suprême à mener une enquête qui pourrait faire tomber le gouvernement.
En réalité, les relations entre les autorités civiles et le pouvoir militaire se sont tendues après l’affaire du « memogate ». Un scandale politique dans lequel le gouvernement civil pakistanais est accusé d’avoir fait passer une note à Washington pour lui demander d’empêcher l’armée de faire un coup d'État.
Aujourd’hui, la Cour suprême a satisfait les désirs de l’armée en ouvrant une enquête pour déterminer qui est l’auteur de la note.
Le principal accusateur dans cette affaire assure qu’il pourrait s’agir du président de la République lui-même. Mais des intellectuels pakistanais mettent en garde contre le tour que prennent les événements car ils rappellent que le gouvernement, aussi impopulaire soit-il, a été démocratiquement élu en 2008.
Le président Asif Ali Zardari était parti le 6 décembre 2011 à Dubaï, officiellement pour des raisons de santé. Durant son séjour de deux semaines, des rumeurs de démission avaient circulé.