Le Japon en tournée en Chine et en Inde pour assurer son statut de puissance internationale

Le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda a entamé, ce dimanche 25 décembre une tournée asiatique en Chine et en Inde. Une tournée qui témoigne de la volonté du Japon de devenir une puissance internationale à part entière. L'agenda de l'étape de Pékin a été logiquement bouleversé par la disparition du numéro un nord-coréen, Kim Jong-il et le processus de succession en cours, incarné par son fils, Kim Jong-Un.

A l'issue d'entretiens avec son homologue chinois Wen Jia-bao, le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda a déclaré que la mort de Kim Jong-il a créé une situation nouvelle en Asie.

La Chine, partenaire privilégiée de la Corée du Nord, est particulièrement bien informée de la situation de son turbulent petit voisin. La nature agressive du régime nord-coréen, qui ne veut pas renoncer à son programme nucléaire, et la légitimité incertaine du nouveau leader Kim Jong-Un provoquent une certaine inquiétude dans la région. L'aspect bilatéral sino-japonais a été relégué au second plan, pour privilégier les grandes questions de stratégie internationale, liées notamment au désarmement nucléaire de Pyongyang et à la reprise des négociations multilatérales à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie, Etats-Unis).

Collaboration sino-japonaise à dominante économique

La visite du Premier ministre japonais se justifie notamment par la nécessité d'améliorer des relations sino-japonaises marquées par la tension liée à un certain nombre de contentieux territoriaux et/ou économiques, comme c'est le cas dans le secteur de la pêche.

Au coeur de la tension entre les deux pays se trouvent les îles Senkaku, situées en mer de Chine orientale et administrées par le Japon depuis la fin du XIXe siècle; elles sont revendiquées par la Chine sous le nom de Diao-yu. L'archipel est entouré d'eaux très poissonneuses, et les fonds marins environnants pourraient renfermer d'importantes réserves d'hydrocarbures. Autre problème : la présence des navires militaires chinois dans la zone. Le Vietnam et les Philippines s'en inquiètent aussi.

Au-delà des disputes, les deux pays ont des intérêts communs : la Chine est le premier partenaire commercial du Japon, et le premier débouché de Tokyo. Ils veulent une collaboration renforcée, qui puisse servir les intérêts sino-japonais et dynamiser le développement des autres pays de la région. L'année prochaine, le Japon et la Chine fêteront le quarantième anniversaire de la normalisation de leurs relations diplomatiques. Et selon les déclarations officielles de Pékin, la Chine considère que maintenir le bon développement des relations bilatérales avec le Japon est conforme aux intérêts fondamentaux des deux pays, tout en étant significatif pour la paix, la stabilité et le développement de la région.

Collaboration indo-japonaise à dominante stratégique

La seconde étape du Premier ministre japonais est consacrée à l'Inde (27 et 28 décembre), où il veut approfondir les relations économiques -jusqu'ici symboliques- entamées voici une douzaine d'années avec New Delhi, et surtout la relation stratégique de son pays avec l'autre grande puissance régionale.

Présent en Inde pour le sixième sommet annuel bilatéral depuis 2006, Yoshihiko Noda rencontrera le Premier ministre indien Manmohan Singh. L’Inde et le Japon ont entamé depuis quelques années un dialogue économique et stratégique majeur, qui promet d’avoir d’importantes implications stratégiques sur l’équilibre régional.

En février, le Japon et l'Inde ont signé un accord global de partenariat économique, qui prévoit de supprimer les taxes sur 94% des biens échangés entre eux sur dix ans. Tokyo semble prêt à faire des investissements dans l'infrastructure indienne. Le gouvernement japonais pourrait financer le projet de construction d’infrastructures en Inde, avec un prêt de 4,5 milliards de dollars.

Les négociations en vue d'une coopération nucléaire civile ont commencé en juin 2010. En octobre 2011, quand le Premier ministre indien était en visite au Japon, les deux parties ont décidé d'accélérer le processus, malgré le désastre de Fukushima. Par ailleurs, les deux partenaires fêtent le soixantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre le Japon et l'Inde.

Il est évident que le Japon cherche à développer ses relations avec l'Inde dans le but de contrebalancer la montée en puissance de la Chine. Pour le moment, le Japon n'est qu'une puissance militaire virtuelle, dont la sécurité est assurée par les Etats-Unis. Le pays possède en réalité les capacités de devenir une grande puissance militaire mais il semble être tenté par une alliance stratégique avec l’Inde, alliance faisant office de contrepoids face à la Russie et à la Chine. La mission est délicate, car l'objectif final est de créer, autour des Etats-Unis, un contrepoids régional à la puissance chinoise, tout en s'efforçant de ne pas froisser Pékin.

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