Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Près du monument de la victoire, dans le nord de Bangkok, une centaine de militants, vêtus de tee-shirts noirs, brandissent des pancartes : « A bas le conformisme », « Vive la liberté de critiquer ». Ce rassemblement ne paie pas de mine. Et pourtant, il s’attaque à un tabou séculaire : la protection de la famille royale thaïlandaise.
Plus de 500 procès en cours
Les lois contre le crime de lèse-majesté imposent des peines jusqu’à quinze ans de prison et elles sont appliquées de plus en plus fréquemment. Un cas a particulièrement exaspéré les partisans de la liberté d’expression : un homme de 61 ans a été condamné à 20 ans de prison fin novembre pour avoir envoyé à un haut fonctionnaire des texto jugés insultants pour la reine Sirikit. Plus de 500 procès pour lèse-majesté sont actuellement en cours, un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le gouvernement a mis en place des équipes pour traquer les messages critiques envers la famille royale sur internet. Contre cette frénésie ultra-monarchiste, universitaires, militants et partisans de la libre expression lancent une campagne pour ouvrir un débat sur le bien-fondé des lois contre le crime de lèse-majesté. Des lois qui, soulignent-ils, sont le plus souvent employées pour éliminer des adversaires politiques.