Il y a deux mois, la Commission vérité et réconciliation appelait à libérer tous les condamnés dans ces affaires de lèse-majesté en Thaïlande. Plus largement, elle demandait aux autorités de lever le pied avec pas moins de 400 cas pour la seule année 2010, selon l’ONG Human Rights Watch. Car pour les organisations de défense des droits de l'homme, les gouvernements qui se sont succédé depuis le coup d'Etat de 2006 se sont servis du texte, un des plus sévères au monde, pour faire taire toute opposition.
Une loi donc directement liée au conflit politique qui mine le pays, entre le peuple favorable à l'ancien premier ministre déchu Thaksin Shinawatra, et les élites royalistes (l'armée, les fonctionnaires, les magistrats). Dernier exemple en date : l'armée accuse d'insulte à la monarchie un universitaire qui avait simplement appelé à réformer cette institution.
Le Premier ministre Yingluck Shinawatra, la sœur de Taksin arrivée il y a quelques mois, semblait ouverte à un changement : elle souhaitait que cette loi ne soit pas « utilisée de façon inappropriée ».
Le mois dernier, l’Organisation des Nations unies avait estimé que cette loi étouffait les débats sur les sujets d'intérêt public et sapait le chemin de la Thaïlande vers la démocratie. Le ministre des Affaires étrangères avait alors promis d'empêcher les abus.
Au vu du jugement de ce mercredi, ce n'est pas pour tout de suite.
En 2005, on comptait 33 dossiers de lèse-majesté en Thaïlande; 164 en 2008; 478 en 2009.