Avec notre correspondante à Bangkok, Marie Normand
C’est le principe de l’arroseur arrosé. Ces deux dernières années, les accusations de crime de lèse-majesté se sont multipliées à l’encontre de journalistes, de bloggeurs, d’universitaires, notamment de personnes considérées comme proches des « chemises rouges ». Au cœur des manifestations, les autorités avaient aussi joué une carte similaire, en accusant les principaux responsables du « mouvement rouge » de fomenter un complot contre le monarque de 82 ans.
Retour de bâton, donc, puisque cette fois, c’est Kasit Piromya, le ministre des Affaires étrangères qui est accusé d’offense au roi. Le politicien est ouvertement « chemises jaunes » , c'est-à-dire dans le camp des conservateurs, des royalistes. Mais au mois d’avril, il avait tenu des propos tout à fait inédit pour un officiel de son rang. « La Thaïlande doit débattre de ce sujet tabou qu’est la monarchie », a-t-il déclaré lors d’un discours dans une université américaine. Il a même évoqué l'idée d'une réforme de cette institution vénérée.
Des déclarations chocs, déjà rapportées lors du débat de censure du gouvernement le mois dernier, mais aucune action n’avait été prise contre le ministre. « Une nouvelle preuve d’un système à deux vitesses », clame l’opposition, reprenant ainsi le slogan favori des manifestants antigouvernementaux ces derniers mois.