« C'est la faute aux Vietnamiens ! ». « Ce sont eux qui ont tué les Cambodgiens pour tenter d'avaler leur territoire ». Lundi, face à ses juges, Nuon Chea a tenu à corriger l'image sanglante du régime qu'il codirigeait avec Pol Pot et ses amis de l'époque.
Le « frère N°2 » a déclaré qu'il ne voulait pas que les prochaines générations interprètent mal l'histoire. « Je ne veux pas, a-t-il dit, qu'elles se méprennent sur les Khmers rouges qui auraient été des gens mauvais, des criminels. Rien de ceci n'est vrai », affirme Nuon Chea.
Pas très convaincant, certes, d'autant qu'il est démenti non seulement par les faits, mais également par ses propres déclarations, recueillies quelques années plus tôt par un documentariste qui avait su gagner sa confiance et par lesquelles il revendiquait froidement qu'il avait exterminé des « traitres ». Il expliquait alors que, si le régime avait « montré de la pitié, la nation aurait été perdue ». Il n'a donc fait que son devoir.
Aussi déconcertante qu'elle puisse paraître, cette dernière intervention de Nuon Chea n'a rien d'original ni d'inédit. Depuis le début, l'essentiel de l'argumentation de la défense repose, en effet, sur la dénonciation d'une construction narrative digne d'un « conte de fées », selon l'expression de l'ex-président du régime, Khieu Samphan, lui aussi dans le box des accusés.
Pour eux, l'objectif est de faire passer le génocide des Cambodgiens pour l'œuvre de « soldats perdus » embarqués dans la tourmente de la révolution.