Avec notre correspondante à Phnom Penh, Sophie Malibeaux
Depuis le début de l'année, au Cambodge, 32 personnes ont perdu la vie en sautant sur une mine, et de nombreux autres ont perdu un membre. Que les mines aient été plantées par les Khmers rouges ou les forces gouvernementales, elles frappent sans discrimination. Dans ce témoignage recueilli à Pailin, sur l'une des dernière portions de territoire aux mains des Khmers rouges, Malnom, la quarantaine, raconte comment il a perdu une jambe :
« Je viens de la province de Kompong Speu. Depuis 1972, je me battais avec les Khmers rouges pour libérer le pays. On était allé à Anlong Veng, puis on est venu à Pailin. C’est ici que j’ai sauté sur une mine. C’était le 2 février 1982, au cours d’affrontement entre le gouvernement cambodgien et les Khmers rouges. J’ai sauté sur une mine plantée par les soldats Khmers rouges, aux côtés desquels je me battais. On avais mis ça là. Pendant les combats, on devait beaucoup marcher et l’on ne savait plus très bien où l’on avait planté les mines. Du coup, en nous retirant, nous sommes tombés là-dessus. »
Parfois, les victimes sont des enfants, ou des jeunes qui n'ont pas connu la guerre. Pays miné, pays pauvre, le Cambodge peine à se débarrasser de ce fléau. Depuis 1992, 700 hectares ont été déminés. Il faudrait 500 millions de dollars pour déminer la même surface, d'ici 2019. Outre l'aspect financier du déminage, reste à obtenir l'adhésion au traité de pays aussi importants que les Etats-Unis, l'Inde, la Chine et la Russie.