Procès des Khmers rouges : Nuon Chea assure avoir servi les intérêts du Cambodge

D'entrée, au deuxième jour du procès, mardi 22 novembre 2011, les anciens dignitaires khmers rouges jugés à Phnom Penh pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide expriment leur volonté de faire des déclarations. Le premier à avoir saisi cette tribune est Nuon Chea, l'idéologue de Pol Pot, qui a parlé durant près d'une heure trente. 

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee

La tête inclinée vers son document qu’il a lu d’une voix chevrotante, « Frère N°2 » a donné des explications historiques « au nom de la vérité ». Le tribunal serait injuste envers lui, car il ne discute « que du corps du crocodile et pas de sa tête ni de sa queue ».

Avec un mandat limité aux années du régime khmer rouge, le tribunal évacue de facto les interventions étrangères au Cambodge. Or, Nuon Chea a cherché à démontrer que c’est du Vietnam expansionniste que les Khmers rouges ont voulu protéger leur patrie.

Une prise de parole saluée par une représentante de la partie civile khméro-américaine : 
« Les victimes ont apprécié le fait qu'il retrace l'histoire. L'entendre dire ce qu'il sait est important parce qu'elles ont toujours voulu l'entendre de la bouche de l'intéressé lui-même, et non pas à travers ses avocats, à travers les médias ou les co-procureurs, mais directement des accusés. Après, est-ce qu'elles croient à tout ce qu'il dit ? Non ! »

L’accusé a pu inspirer le respect mais il n’a pas convaincu la jeune étudiante Voleak avec sa théorie d’un combat mené pour empêcher le pays de disparaître : « Je l’ai écouté avec pitié, car il a 84 ans. Je me demandais pourquoi on jugeait une personne si âgée. Mais au fur et à mesure que je l’écoutais, j’ai compris qu’il ne disait pas la vérité alors qu’il l’avait promis. Il ne reconnaît pas sa responsabilité. Je suis choquée. Il nie, il répète qu’il n’a rien fait. »

Le co-procureur international avait plus tôt prévenu : « Nous ne rejetons pas la responsabilité d’autres pays avant et après 1975, mais cela ne vient pas exonérer les accusés de ce qu’ils ont fait ».

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