On est loin de l'image que la belle-sœur de Pol Pot donnait en 2009, s'étouffant de fureur devant les magistrats qui refusaient sa mise en liberté immédiate : « Ne m'accusez pas d'être une meurtrière, sinon, vous serez maudits à jamais et vous irez en enfer ». Pourtant, c'est d'être une meurtrière, et même bien pire, dont le tribunal mixte cambodgien et onusien l'accusait jusqu'ici : d'avoir participé entre 1975 et 1979 à la mise à mort de deux millions de Cambodgiens, soit le tiers de la population de l'époque.
Tortures, exécutions, maladies, famines, épuisement, la liste est longue, seules trois personnes en répondront à partir de lundi prochain : le mari de Ieng Thirith, l'ex-ministre des Affaires étrangères Ieng Sary, Nuon Chea l'idéologue du régime et le président du Kampuchea démocratique Khieu Samphan. Tous ont entre 79 et 85 ans, c'est bien ça qui pose problème, les victimes craignent qu'ils ne meurent avant d'être jugé. D'ailleurs, devant l'état de santé défaillant de Ieng Thirith, la possibilité de séparer son procès avait été évoquée, histoire de ne pas perdre ce temps maintenant si précieux.
Finalement, le temps Ieng Thirith ne l'a plus, le souvenir de ces atrocités lui échappe. Qu'en pense l'accusation qui jugeait sa présence vitale au bon déroulement du procès ? Les avocats ont encore le temps pour faire appel.