Le juge d'instruction Siegfried Blunk démissionne du Tribunal des Khmers rouges

Siegfried Blunk, co-juge d'instruction du tribunal parrainé par les Nations unies, chargé de juger les Khmers rouges, à Phnom Penh, a démissionné ce lundi 10 octobre 2011. Le magistrat allemand était depuis de longs mois au coeur d'une polémique, accusé de vouloir enterrer deux dossiers dans lesquels aucune inculpation n'avait été prononcée.

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gée

La nouvelle de la démission du magistrat allemand Siegfried Blunk pourrait contribuer à apaiser nombre de ceux qui ont perdu foi dans le tribunal parrainé par les Nations unies, chargé de juger les anciens responsables khmers rouges. 

Sous le feu des critiques depuis de longs mois, Siegfried Blunk avait été mis en cause par les militants de Human Rights Watch, avec son collègue cambodgien, accusé de vouloir enterrer deux affaires, dites « 3 et 4 ».

À maintes reprises, le juge s'était publiquement et fermement opposé à des poursuites judiciaires contre cinq responsables khmers rouges, brandissant la menace d'un possible retour de la guerre civile.

D'interrogatoires des suspects et d'enquêtes sur les lieux, il n'y en a eu aucun sous sa direction, depuis sa prise de position en décembre dernier.

Le co-procureur international, Andrey Cayley, avait été le premier à dénoncer cette situation. Une guerre ouverte s'était alors déclarée entre les deux magistrats, installant un véritable malaise dans le tribunal.

Le juge Blunk s'est aussi attiré les foudres d'une grande partie de son équipe, des victimes ainsi que des organisations suivant de près les activités de la juridiction.

Il y a une semaine, Human Rights Watch appelait sans détour à la démission des deux juges d'instruction, l'Allemand et le Cambodgien, You Bunleng, pour avoir failli à leur devoir et reprochait aux Nations unies leur manque de réaction.

La démissionde Blunk crée la surprise tout autant que l'argument qu'il invoque pour l'expliquer : l'interférence des autorités cambodgiennes. Elle pèsera l

Le dossier n°3 concerne Meas Muth, commandant dans la marine sous le régime khmer rouge (également gendre de Ta Mok, le frère n°6 dans la hiérarchie, décédé sans avoir été jugé en 2006) et Sou Met, commandant des forces aériennes.

Le dossier n°4 concerne 3 responsables régionaux khmers rouges : Aom An, Yim Tith, et Im Chem, accusés d’avoir commis des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité. Des documents versés aux deux dossiers font état d’un total de 40 types de crimes différents. Le 8 août dernier, les juges Blunk et Bunleng avaient émis de « sérieux doutes » sur le fait que ces 3 suspects, à leurs yeux trop subalternes, relèvent du mandat du Tribunal.

Les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) fonctionnent comme un tribunal hybride composé de personnels cambodgiens et étrangers. Sa création a été établie par une loi cambodgienne en 2001, sous l'égide des Nations unies.

 

 

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