La conférence de Bonn sur l’Afghanistan est-elle d’ores et déjà vouée à l’échec ? Un énième échec, d’ailleurs, tant les sommets internationaux sur le sujet se sont succédé sans apporter de réelle solution au problème taliban dans le pays. En Allemagne, lundi, les Occidentaux et le président afghan Hamid Karzaï n’auront pas de véritables interlocuteurs en face.
Comme il y a dix ans, dans la même ville, les talibans, anciens maîtres du pays, ne seront pas à la table des négociations. Le commandement suprême des talibans en Afghanistan en a décidé ainsi.
Lors de la précédente réunion, le 5 décembre 2001, après la chute de Kaboul, la paix - que l’on sait éphémère aujourd’hui - s’est préparée sans eux. A la différence qu’aujourd’hui, pour les chancelleries occidentales, le temps presse. La mission de l’Otan prend fin dans tout juste trois ans, fin 2014.
Si l’absence des représentants de l’insurrection est regrettée, celle du Pakistan, qui a annoncé le boycott de la conférence le 29 novembre dernier, l’est encore plus. Une absence qui hypothèque très sérieusement les chances d’entrevoir la moindre avancée à l’issue des négociations. Islamabad ne décolère pas, en effet, après le bombardement de l’Isaf (la force de l’Otan en Afghanistan) du côté pakistanais de la frontière, qui avait occasionné la mort de 24 de ses militaires.
Coup dur diplomatique
Poussé par une population marquée par un fort sentiment anti-américain, et qui manifeste à chaque frappe de drone sur le territoire national, l’exécutif pakistanais avait voulu montrer qu’elle pouvait s’opposer à Washington et ses alliés.
Ce boycott est un coup dur pour les Occidentaux, et particulièrement pour les Etats-Unis qui ne dissocient plus, ces dernières années, la problématique afghane de l’inconnue pakistanaise. Mais depuis l’assassinat de ben Laden, au début du mois de mai dernier, les relations entre l’administration Obama et le président Asif Ali Zardari s’étaient considérablement tendues.
Au Quai d’Orsay, au Foreign Office ou au Département d’Etat, on espère encore un revirement de dernière minute, et l’arrivée de la délégation pakistanaise. Le président afghan avait personnellement joint, dans la semaine, le Premier ministre pakistanais pour lui demander de revenir sur sa décision. Mais pour l’heure, Islamabad n’a toujours pas changé d’avis.