Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
La Chine perdait déjà l’électricité, pas question en plus de perdre la face. Le communiqué posté sur le site du ministère chinois des Affaires étrangères ce samedi est un rappel à l’ordre : « Les pays concernés doivent garantir la légalité et les droits légitimes des compagnies chinoises », indique le porte-parole de la diplomatie chinoise, « le (…) barrage est un projet d’investissement commun à la Chine et à la Birmanie, il a été consciencieusement examiné par les deux parties ».
Une manière de rappeler que le barrage a été proposé en 2006 par les militaires alors au pouvoir en Birmanie. Un projet discuté à nouveau lors de la visite du chef de la junte à Pékin en septembre, il y a un an. La Chine mise gros sur la Birmanie pour diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie. En échange, des armes fournies à l’armée birmane, Pékin entend passer directement par l’océan Indien et contourner ainsi les pirates du détroit de Malacca par lequel transite la plupart de ses supertankers.
Ce que craignent par-dessus tout les autorités chinoises c’est que l’abandon de ce projet de barrage ne donne des ailes à l’opposition birmane. Deux projets de pipeline en construction dans l’ouest du pays et destinés, là aussi, à nourrir les mégalopoles et les usines chinoises sont désormais contestés. Près de 30 000 personnes sont menacés d’expulsions selon les associations de défense de l’environnement qui ont publié le rapport intitulé « sold out » au début du mois dernier. Et plus de 6 000 soldats birmans auraient été déployés pour sécuriser les chantiers.