L’avenir politique de la Russie semble tout tracé pour les six années à venir et peut-être même jusqu’en 2024. Au congrès du parti Russie unie, le Premier ministre Vladimir Poutine a mis fin au suspense, annonçant qu’il briguerait un nouveau mandat de président aux élections de mars 2012. Il a déjà été chef du Kremlin de 2000 à 2008 et, selon la Constitution, il peut prétendre à deux nouveaux mandats de six ans chacun.
La mise en scène à la soviétique de cette annonce ne laisse plus aucune illusion à ceux qui avaient parié sur un duel entre Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev. C’est ce dernier, président sortant, qui a annoncé la candidature du premier devant le congrès du parti. Une proposition aussitôt acceptée par l’intéressé, sous les applaudissements des onze mille délégués présents dans la salle.
Vladimir Poutine a proposé à son tour la candidature de Dmitri Medvedev au poste de Premier ministre. Loin de la confrontation annoncée, le duo Poutine-Medvedev montre ainsi sa volonté de s’inscrire dans la durée au sommet de l’Etat. Vladimir Poutine s’est même offert le luxe d’avouer qu’un« arrangement pour le futur » avait été trouvé il y a plusieurs années avec Dmitri Medvedev.
Combattre la corruption pour rassurer les investisseurs étrangers
Le plus surprenant c’est que Vladimir Poutine a repris dans son programme présidentiel les thèmes favoris de l’actuel locataire du Kremlin. Il veut moderniser le pays et demande « davantage de contrôle de la société sur la bureaucratie ». Il n’hésite pas non plus à évoquer la corruption, même s’il la cite simplement parmi d’autres sujets et n’en fait pas un thème majeur comme Dmitri Medvedev.
L’enjeu de ce positionnement apparemment plus réformiste de celui que l’on peut appeler à la fois ex et futur président russe, c’est de rassurer les investisseurs étrangers. Trop dépendante de ses exportations de matières premières, notamment les hydrocarbures, la Russie a un besoin vital des investissements et du savoir-faire des compagnies multinationales. Or, ces entreprises sont souvent découragées par la corruption qui gangrène le pays.
Partisan d’une position ferme face aux Etats-Unis
Reste à savoir jusqu’où Vladimir Poutine sera prêt à aller dans les réformes à partir de sa réélection en mars 2012. Une réélection donnée pour sûre à 99%. La difficulté pour lui sera d’aller contre les intérêts des cercles du pouvoir politique et économique qui le soutiennent et qui profitent souvent de la corruption. Tous ces réseaux ont été contrariés par certaines initiatives de Dmitri Medvedev, même si elles sont restées pour la plupart lettre morte.
En politique extérieure, le futur chef du Kremlin est partisan d’une ligne ferme face à l’Occident et surtout aux Etats-Unis. Il pourrait modifier l’approche plus consensuelle de l’actuel président, par exemple concernant l’Iran, la Syrie, ou l’intervention internationale en Libye. Mais Vladimir Poutine garde de très bonnes relations à Berlin, Paris ou Rome. Après l’annonce de sa candidature, l’Allemagne a juste « suggéré » le déploiement d’observateurs pour « le respect des normes démocratiques ».