Avec notre correspondante à Kaboul, Marie Forestier
L’assassinat de l’ex-président envoie un message politique fort, puisqu’il dirigeait le Haut conseil pour la paix. Cette organisation, créée l’année dernière pour négocier avec les insurgés, a accompli peu de progrès jusqu’à présent. Symboliquement, l’assassinat de Rabbani peut être interprété comme une opposition ferme aux négociations, au moins de la part du groupe qui se trouve derrière l’attaque. Mais cela semble contredire la perspective de pourparlers qui commençait à se dessiner. Des contacts avaient notamment été établis entre les Américains et des représentants des talibans.
A l’inverse, tuer Rabbani peut être aussi une façon d’imposer les conditions d’éventuelles négociations et de supprimer un acteur indésirable, puisque que l’ex-président était perçu comme l’ennemi des talibans. La mort de Rabbani risque aussi de rendre un accord de paix difficile à trouver, pour des raisons ethniques.
Au pouvoir de 1992 à 1996, il appartenait à l’ethnie tadjike et sa mort risque d’attiser les tensions ethniques, comme au temps de la guerre civile. D’autant plus que deux autres figures tadjikes, appartenant au même parti que Rabbani, ont été tuées cette année. Et dans l’ensemble, les Tadjiks craignent que leurs intérêts ne soient pas protégés et sont opposés à des négociations avec les talibans.