Les talibans ont, semble-t-il, envoyé un nouveau message fort à l'adresse du président Hamid Karzaï et de ses alliés occidentaux. Si des négociations de paix doivent démarrer un jour, ce sera à leurs conditions, et surtout pas avant que les 130 000 militaires étrangers n'aient quitté le pays. Pour l'instant, les talibans redoublent d'audace et continuent d'éliminer les responsables du gouvernement afghan. Burhanuddin Rabbani, victime d'un kamikaze à son domicile de Kaboul, était l'un des leaders historiques de la résistance contre l'invasion soviétique.
Il a été président de l'Afghanistan, entre 1992 et 1996, entre la chute du gouvernement communiste et l'arrivée au pouvoir des talibans. Mais il appartenait à l'ethnie tadjike, dans un pays dominé par les Pachtounes, et, surtout, il était éclipsé par ses chefs de guerre, dont le fameux « Lion du panchir », le tadjik Ahmed Massoud. Revenu à Kaboul dès le départ des talibans, en novembre 2001, Burhanuddin Rabbani a été forcé de remettre le pouvoir à Hamid Karzai, un mois plus tard. En 2006 il a réussi à créer la principale force d'opposition du pays, puis, en 2010, il a été nommé à la tête du Haut Conseil pour la Paix.
Hamid Karzaï, a décidé, à l'annonce de l'assassinat de Rabbani, d'écourter son séjour aux Etats-Unis. Il a évoqué Burhanuddin Rabbani, « un patriote afghan qui s'est sacrifié », et a assuré que cet attentat-suicide « ne nous dissuadera pas de continuer sur le chemin que nous avons commencé à emprunter» . Hamid Karzaï rencontrait avant son départ le président Obama. Le président américain qui a lui aussi réagi à la mort de Rabbani en déplorant « une mort tragique ».