Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Dans la peau d’un esclave des temps modernes. Le reporter de Henan TV a passé quatre jours à la gare de Zheng Zhou, la capitale de la province avant d’être repéré par les trafiquants. Le journaliste fait la mendicité, trie les ordures avant de se faire remarquer. Deux hommes l’emmènent alors en taxi pour le vendre 500 yuans (un peu plus de 50 euros) à un patron d’usine. « Ce parcours est celui de plusieurs dizaines d’handicapés mentaux, affirme le journaliste. Dès votre arrivée vous êtes giflé, battu au tuyau d’arrosage si vous refusez d’obéir ».
Dans un extrait télévisé, le reporter demande à ses compagnons de galère : « D’où viennent ces blessures ? ». « Ils nous cognent avec des briques ! », lui répond-on. La réponse est accompagnée de gestes filmés en caméra cachée. Les briques sont le malheur de ces hommes forcés à travailler en sous-sol près des fourneaux. La température avoisine les 39 degrés. Les rations comme le repos sont comptés. Une petite chambre pour cinq personnes pas plus et un travail sept jours sur sept.
Au départ de cette enquête, on voit Bai Fei Fei, 23 ans. Lui a réussit à s’échapper en juillet dernier. « J’ai cinq ans », dit-il quand on l’interroge et avant de raconter à la caméra, les coups de ceintures, les brimades.
Ces images réveillent le souvenir douloureux des esclaves du Shanxi en 2007. Plus de 1 000 personnes, dont de nombreux handicapés, avaient là aussi été contraints à travailler pour les briqueteries. En décembre dernier, une autre filière, cette fois dans le Xinjiang, a également été démantelée.